La Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) du Cameroun est actuellement le théâtre d'un conflit interne qui paralyse son fonctionnement. Au coeur de cette bataille, Nathalie Moudiki, épouse de l'Administrateur Directeur Général (ADG) Adolphe Moudiki, et Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la présidence et Président du Conseil d'administration de la SNH, s'affrontent pour le contrôle de cette entreprise stratégique. Ce bras de fer, marqué par des trafics d'influence et des règlements de comptes, révèle les tensions au sein des élites camerounaises et soulève des questions sur la gouvernance du pays.
Nathalie Moudiki : une ascension controversée
Nathalie Moudiki, ancienne attachée de direction, a pris les rênes de la SNH grâce à son influence et à sa proximité avec Chantal Biya, l'épouse du président Paul Biya. Depuis qu'elle a consolidé son pouvoir, elle impose sa loi au sein de l'entreprise, allant jusqu'à humilier des directeurs et cadres sous le regard médusé des employés. Son comportement autoritaire et ses méthodes controversées ont créé un climat d'hostilité et de tensions au sein de la SNH.
Selon des sources internes, Nathalie Moudiki serait déterminée à écarter Ferdinand Ngoh Ngoh de son poste de Président du Conseil d'administration. Elle aurait entamé des tractations auprès de Chantal Biya et adressé des correspondances confidentielles à Paul Biya pour exiger le départ de Ngoh Ngoh. Cette rivalité a bloqué la tenue du conseil d'administration ordinaire, pourtant crucial pour le bilan et les perspectives de l'entreprise.
Ferdinand Ngoh Ngoh : un adversaire coriace
Ferdinand Ngoh Ngoh, figure puissante de l'administration camerounaise, ne compte pas se laisser déloger sans résistance. En tant que Secrétaire général de la présidence et PCA de la SNH, il dispose d'un réseau d'influence considérable. Cependant, son bras de fer avec Nathalie Moudiki met en lumière les luttes de pouvoir qui minent les institutions camerounaises.
Les tensions entre les deux parties ont atteint un tel niveau que Nathalie Moudiki aurait ordonné aux responsables de la sécurité de barricader les accès à la SNH pour empêcher Ngoh Ngoh de convoquer le conseil d'administration. Cette situation illustre la dégradation des relations au sein de l'entreprise et l'impact des conflits personnels sur la gestion des affaires publiques.
Un climat de pourrissement généralisé
Le conflit à la SNH est symptomatique d'un malaise plus large au sein des élites camerounaises. Les luttes d'influence, les trafics d'influence et les règlements de comptes sont devenus monnaie courante, affectant la gestion des entreprises publiques et la stabilité du pays.
La situation est d'autant plus préoccupante que l'ADG Adolphe Moudiki, cloué sur son lit par la maladie et l'âge avancé, n'est plus en mesure d'exercer ses fonctions. Malgré cela, aucune nomination intérimaire n'a été faite, laissant Nathalie Moudiki agir en toute impunité. Cette absence de décision soulève des questions sur l'état de santé de Paul Biya et sa capacité à diriger le pays.
Chantal Biya : l'ombre du pouvoir
Dans ce contexte, Chantal Biya est souvent perçue comme la véritable détentrice du pouvoir. Son influence sur les décisions politiques et économiques est de plus en plus évidente, notamment à travers son soutien à Nathalie Moudiki. Cette dernière, confiante dans son alliance avec Chantal Biya, se permet de défier ouvertement Ferdinand Ngoh Ngoh et de gérer la SNH avec une frénésie jugée excessive.
Le bras de fer entre Nathalie Moudiki et Ferdinand Ngoh Ngoh à la SNH illustre les dysfonctionnements qui minent les institutions camerounaises. Ce conflit, marqué par des luttes d'influence et des règlements de comptes, révèle les tensions au sein des élites et soulève des questions sur la gouvernance du pays.
Alors que la SNH, pilier de l'économie camerounaise, est paralysée par ces rivalités, il est urgent que les autorités interviennent pour rétablir l'ordre et garantir une gestion transparente et efficace des ressources nationales. Reste à savoir si Paul Biya, ou ceux qui agissent en son nom, prendront les mesures nécessaires pour mettre fin à cette crise.