Au Soudan, alors que le pays est en guerre depuis maintenant 21 mois, une équipe de journalistes du New York Times, avec l'aide de chercheurs « Open source », a publié une enquête qui présente le visage des auteurs d'exactions et permet d'entrer dans la chaîne hiérarchique des paramilitaires du général Hemedti, les Forces de soutien rapide (FSR). Pendant six mois cette équipe a analysé des dizaines de vidéos - prises par ces combattants FSR, eux-mêmes - pour documenter les massacres.
Des dizaines et des dizaines de vidéos ont été prises par de jeunes combattants des FSR et publiées sur les réseaux sociaux : TikTok, Twitter, Facebook... Souvent très jeunes, armes à la main, portant l'uniforme des paramilitaires, ces hommes se filment en situation. Ils prennent la caméra de leur téléphone à témoin, se vantent de leurs exploits, des villages qu'ils ont détruits, des gens qu'ils ont tués et donnent des dates, des noms de villes, de quartiers, et de responsables sur terrain.
« C'est notre droit »
Dans l'une de ces vidéos, un combattant filme une rue vide, des cadavres au sol. « Nous sommes dans le quartier d'al-Thawra, à El-Geneina », dit-il, avant d'ajouter : « les Massalits ont été éradiqués avec succès, grâce à Dieu. » Dans une autre, un commandant justifie les viols commis par ses troupes : « Si nous violons vos soeurs et vos filles, c'est notre droit », affirme-t-il, face caméra. L'équipe a d'ailleurs pu retrouver l'identité de cet homme.
Précieuses preuves visuelles
En recoupant les différents témoignages, journalistes et chercheurs ont pu identifier une vingtaine de commandants FSR, reconstituer leur structure hiérarchique, et les responsabilités des uns et des autres. Des preuves visuelles précieuses dans l'éventualité d'une enquête internationale.