Aux Comores, les femmes restent marginales en politique. Actuellement, il n'y a que huit candidates sur cent sept aux législatives, deux ministres sur quinze, dont la porte-parole, et une seule gouverneure élue sur trois. Un contraste saisissant avec les déclarations du président Azali Assoumani, qui prône régulièrement une plus grande implication féminine dans la gestion des affaires de l'État et des postes électifs.
En pleine campagne pour les législatives jusqu'au 10 janvier, le débat de la représentation des femmes en politique aux Comores est remis sur la table. Pour le pouvoir, des progrès sont en marche. Houmed Msaidié, conseiller politique du président Azali Assoumani, défend une dynamique prometteuse malgré certaines limites.
« Je peux vous dire que les femmes s'engagent effectivement en politique pendant les campagnes, mais dès que les campagnes se terminent, elles ont tendance à laisser un peu de côté la politique. Mais ce qui est sûr, elles commencent aussi à prendre des responsabilités importantes au niveau de l'administration publique, des entreprises publiques et parapublique, donc le mouvement est là, la dynamique a été enclenchée par le président, je crois qu'elle est en train de prendre et on le verra aussi au niveau des communales », explique-t-il.
« Un discours qui n'a pas de suivi »
Pourtant, cette dynamique est jugée insuffisante par Fatuma Mohamed Eliyas, militante et membre de la société civile. Elle fustige une politique de façade et dénonce un réel manque de volonté. « On a déposé une loi à l'Assemblée pour la parité. Nous n'avons pas été gourmandes, on l'a mis à 40%. Cette loi n'a jamais été promulguée par le chef de l'État. Tous les gouvernements qu'il a mis en place, il y a toujours eu une figuration, c'est deux femmes au gouvernement. Je trouve que c'est désolant. Moi, je perds espoir. Azali ça, ça n'a pas été son souci, bien qu'il prône l'égalité, mais ça reste juste au niveau langagier, un discours qui n'a pas de suivi », déplore-t-elle.
Même au sein du parti présidentiel, la parité n'est pas effective. En vue des législatives, la CRC est présente dans l'ensemble des 33 circonscriptions du pays. Mais seules cinq femmes ont été alignées comme candidates titulaires.