Déjà fragilisés par des années d'endettement, les casinos gérés par la State Investment Corporation Ltd (SIC) font face à une nouvelle crise. La clientèle semble déserter ces établissements, une situation aggravée par une réglementation stricte et des contrôles rigoureux qui dissuadent les joueurs les plus fidèles. La Casino Employees Union (CEU) cherche d'urgence une rencontre avec le ministre des Finances et également Premier ministre, Navin Ramgoolam.
Les employés des casinos tirent la sonnette d'alarme face à une situation financière de plus en plus critique. «Si le casino de Grand-Baie était déjà connu pour ses pertes, le grand casino de Domaine Les Pailles suit malheureusement la même tendance», confie un membre du syndicat. Depuis son affiliation à la General Workers Federation, la CEU a mené plusieurs initiatives, mais les difficultés persistent. Avec une clientèle en baisse, les profits ne sont plus au rendez-vous. «Lorsqu'en une soirée, deux ou trois gros joueurs emportent jusqu'à Rs 500 000, les pertes deviennent insoutenables, surtout avec une fréquentation en chute libre», explique notre interlocuteur.
Plusieurs raisons expliquent le déclin de l'intérêt des joueurs pour ces casinos. Le manque de professionnalisme de certains employés est pointé du doigt. «Nous avons à maintes reprises observé des comportements impolis envers les clients, ce qui ternit l'expérience de jeu», souligne un membre de la CEU. Le principal obstacle reste toutefois la taxe de 10 % sur les gains. «Les joueurs doivent présenter leur carte d'identité, s'enregistrer et s'acquitter de cette taxe. Beaucoup préfèrent conserver leur anonymat et se tournent vers d'autres établissements moins stricts», ajoute-t-il.
Les conséquences de cette situation sont lourdes pour les employés, qui redoutent pour leur avenir. «Depuis 2005, la situation s'est dégradée au point de devenir chaotique. La pression politique et les nominations partisanes ont exacerbé les problèmes», affirme un représentant syndical. Une lettre envoyée au ministre des Finances dénonce un leadership inapproprié et des décisions prises par des personnes sans expérience ni compétences.
La CEU avance plusieurs recommandations pour redresser la situation : nommer un expert international indépendant pour diriger les casinos, en s'inspirant des meilleures pratiques mondiales ; responsabiliser chaque département afin d'éviter une gestion trop centralisée ; ouvrir de nouveaux casinos dans des zones stratégiques comme Flacq, Cascavelle et Bagatelle, et réduire la taxe sur les jeux ou envisager une exonération temporaire.
La création d'un Comité de justice est également préconisée pour enquêter sur les cas de harcèlement, de discriminations et d'abus subis par les employés. «Il est crucial de rétablir les droits des employés et de créer un environnement de travail équitable», insiste un membre du syndicat. Face à ces nombreux défis, une intervention rapide et décisive est nécessaire pour sauver les casinos de la SIC et protéger l'emploi de centaines de travailleurs.