Par un contrat conclu à une date imprécise, entre 1826 et 1828, Radama Ier accorde à la Maison Blancard un monopole extrêmement préjudiciable au commerce de Bourbon avec Madagascar. Ce qui suscite des réactions assez violentes de la part des autorités françaises.
Celles-ci, après avoir tenté vainement d'élaborer une politique commune avec les autorités anglaises de l'île Maurice, « dont le commerce est tout autant lésé » (Jean Valette), se décident à agir seules, par la force s'il le faut. Mais à Paris, si l'on comprend les préoccupations de Bourbon et si l'on accepte l'idée d'une intervention militaire, l'on reste néanmoins très prudent. Essentiellement, semble-t-il, pour des raisons de crédits.
À l'époque, les quelques renforts composés en grande partie de troupes noires- Yolofs- recrutées au Sénégal, et destinés à compléter la garnison de l'île Sainte-Marie, ne constituent que des forces dérisoires, empêchant une quelconque action.
« Par contre, elles inquiétèrent les autorités merina et ne pouvaient que les rendre plus réticentes à accepter, par d'éventuelles négociations, une reprise des relations commerciales que, faute de moyens, les autorités françaises ne pouvaient obtenir par la force. »
Finalement, dans le but de rassurer les autorités merina, le gouverneur de Bourbon doit, à plusieurs reprises, envoyer sur les côtes malgaches des officiers de marine. Ils seront chargés, d'une part, de se rendre discrètement compte de l'état des esprits » ; d'autre part, « de rassurer sur les intentions de la France». Parmi ces officiers, le capitaine de frégate Louis Joseph Victor Carpentin, commandant la corvette « Seine » accomplit une courte mission à Foulpointe et à Toamasina.
La veille de son départ pour la Grande île, le comte de Cheffontaines, gouverneur de Bourbon, lui remet des « instructions ». Selon Jean Valette, deux points méritent d'être soulevés concernant ces instructions.
Le premier concerne l'intérêt subit porté à Robin. Jusqu'en 1827, en effet, les autorités françaises négligent ce personnage, le suspectent même en raison de sa désertion.
Le second point se traduit par une allusion à la possibilité de la présence de Radama à Toamasina. Et cette allusion montre « toute l'ambiguïté de la politique française à l'égard du souverain ». Les autorités françaises souhaitent négocier avec lui, pourtant elles se refusent à reconnaître son autorité sur Madagascar. Et engager avec lui des négociations reviendraient à le reconnaître. Ce qui ne manque pas de compliquer les choses.
Carpentin embarque donc avec des vivres, des médicaments, des soldats d'artillerie et des ouvriers militaires qu'il laisse dans la colonie de Sainte-Marie, dont le commandement par intérim est assuré par Jean-Louis Carayon.
Ceci fait, il se dirige vers Foulpointe. Pour obéir aux instructions, il s'occupe essentiellement de réunir des renseignements sur les forces merina en garnison dans ce poste et sur les fortifications qui y sont élevées, « ainsi que sur les dispositions envisagées en cas d'attaque ».
À Toamasina, l'aspect militaire occupe également une place importante, mais l'essentiel est consacré à Robin. Carpentin a plusieurs entretiens avec ce dernier. Le portrait qu'il en trace, est assez fidèle. Pourtant, Jean Valette souligne que plusieurs renseignements obtenus par le capitaine manquent d'une extrême précision. « Il est curieux de relever certaines erreurs, sur la présence anglaise en particulier, mais aussi sur les rapports entre Merina et Sakalava. »
La distance est assez grande entre les côtes occidentale et orientale, et les nouvelles de l'Ouest ne doivent parvenir que déformées à Toamasina. «Si la chose est déjà sensible dans des entretiens avec un personnage aussi bien placé et donc bien informé que Robin, que devait-il en être chez les traitants et autres particuliers ? »