Sénégal: Abbé Roger Gomis sur l'appel du Pape François pour 2025 - « Pardon et gratuité doivent inspirer nos relations personnelles mais aussi internationales »

Pour la 58e Journée mondiale de la paix, célébrée le 1er janvier 2025, le Pape François a publié son traditionnel message dont le titre est tiré de la Prière du Notre Père: "Remets-nous nos dettes, donne-nous ta paix".

Selon abbé Roger Gomis de l'archidiocèse de Dakar, le choix est inspiré certainement par le contexte du Jubilé de l'Espérance mais, comporte également une signification particulière ici au Sénégal, comme dans la plupart de nos pays africains, où les questions de la dette, du développement et de la paix en Casamance restent au coeur de nos préoccupations.

Le thème du Message du Pape pour la journée mondiale de la paix 2025 évoque, selon Abbé Roger Gomis, le sens même du jubilé comme celui que l'Eglise catholique a célébré depuis le 24 décembre et qui sera clôturé le 6 janvier 2026. « Le jubilé s'enracine en effet dans une tradition millénaire. Dans la Bible, tous les 49 ans, le son d'une corne de bélier annonçait une année de pardon et de liberté. Les dettes étaient alors effacées, les terres redistribuées, les esclaves retrouvaient leur liberté.

Une pratique qui rappelait quelque chose d'essentielle : chaque être humain est né pour être libre, chaque personne porte en elle la dignité d'enfant de Dieu » a-t-il dit donnant ainsi le sens de l'année jubilaire dont le Sénégal a en célébré l'ouverture le 29 décembre dernier à la cathédrale de Dakar. Pour abbé Roger Gomis, cette année jubilaire 2025 représente ainsi une occasion propice, un kaïros que saisit le Pape François pour inviter les autorités à écouter "l'appel à l'aide désespéré" qui monte de nombreuses régions du monde.

Un appel entendu ici même, dans les villes et villages, les quartiers, les familles. « Dans une lecture lucide de la situation, le Pape identifie des problèmes liés entre eux et qui menacent la paix. Il s'agit, entre autres, de la dette internationale qui pèse sur les pays du Sud, la dette écologique imposée par les pays industrialisés, les inégalités croissantes, la situation des migrants, la dégradation de l'environnement » a-t-il fait savoir. Et d'attester : « pour nous au Sénégal, ces réalités ne sont pas abstraites. Les ressources qui pourraient servir à l'éducation, à la santé, au développement de nos régions, servent trop souvent à rembourser des emprunts ».

Face à de tels défis, en cette année sainte, le Saint-Père a ainsi proposé trois actions concrètes qui, selon abbé Roger, méritent l'attention de tous particulièrement les dirigeants et autres décideurs sur la scène nationale et internationale. Il s'agit de l'appel à un "effacement total de la dette internationale". Une mesure qui permettrait, selon le religieux, aux pays comme le nôtre d'investir dans leur développement plutôt que de rembourser des intérêts sans fin. « Il propose une nouvelle architecture financière internationale basée sur la solidarité », a soutenu Abbé Roger Gomis.

Le Pape a aussi insisté sur le respect absolu de la dignité humaine, de la conception à la mort naturelle en demandant l'abolition universelle de la peine de mort, rappelant que chaque vie mérite une chance de rédemption. Et enfin, il a suggéré dans son appel, de réorienter une partie des dépenses militaires vers un Fonds mondial contre la faim et pour l'éducation. « En Casamance, comme dans d'autres parties de l'Afrique, où tant de ressources partent dans les conflits, nous comprenons l'importance de cette proposition. Elle nous rappelle que la paix durable exige plus que des traités ou des compromis politiques.

Elle nécessite justice et développement. Les ressources consacrées aux armes pourraient construire des écoles, des dispensaires, des routes » a laissé entendre Abbé Roger. Et de renchérir : « la paix véritable émerge des coeurs transformés par la grâce de Dieu. Nous voici donc invités, en cette année de grâce, à une conversion profonde. Et le Pape François de nous nous rappeler que nous sommes tous débiteurs devant Dieu, tous bénéficiaires de sa miséricorde infinie ». Abbé Roger a aussi ajouté que cette réalité spirituelle a des implications pratiques. « Car si Dieu nous pardonne nos dettes infinies, comment pourrions-nous refuser de pardonner les dettes finies de nos frères et soeurs ? Cette logique du pardon et de la gratuité doit non seulement inspirer nos relations personnelles mais aussi internationales ».

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