Durement frappée par le cyclone tropical intense Chido le 13 décembre dernier, Agaléga tente lentement de se relever de cette catastrophe naturelle. Les séquelles laissées par le cyclone sont considérables, et il reste encore un long chemin à parcourir avant que les habitants retrouvent un semblant de normalité et le sourire. Laval Soopramanien, président de l'association Les Amis d'Agaléga, revient tout juste d'un séjour sur l'île.
S'il a eu le bonheur de passer Noël auprès de ses proches et amis sur place, il ne cache pas son inquiétude face à l'ampleur des dégâts qu'il a constatés. «Cela faisait plus de cinq ans que je tentais de me rendre sur l'île. Le Outer Islands Development Corporation (OIDC) m'y a finalement envoyé en ma qualité de président de l'association. Ce séjour m'a permis de voir de mes propres yeux l'impact dévastateur du cyclone sur cette petite communauté.»
Les témoignages recueillis sur place sont édifiants. « De nombreuses familles se retrouvent sans toit, leurs maisons ayant été partiellement ou totalement détruites. Elles ont aussi perdu des effets personnels essentiels : téléviseurs, ventilateurs, cuiseurs à riz, vêtements... La liste est longue», explique Laval Soopramanien. Ces pertes matérielles prennent une tournure dramatique dans le contexte climatique actuel. Avec la chaleur étouffante qui règne sur l'île, l'absence de ventilateurs aggrave les conditions de vie des habitants. «Les nuits sont éprouvantes, et les habitants peinent à trouver du répit face à cette chaleur accablante», ajoute-t-il.
Des établissements scolaires en péril
L'un des sujets les plus préoccupants demeure l'état des infrastructures éducatives. Le collège de l'île a vu sa toiture arrachée, tandis qu'un compartiment entier de l'école primaire a été totalement détruit. «Dans une semaine, les cours doivent reprendre. Que va-t-il advenir des enfants ?», s'interroge le président de l'association. Il soulève également la problématique de la disponibilité des enseignants, dont beaucoup viennent de Maurice. «Les Agaléens se plaignent régulièrement du manque de professeurs. Avec les conditions actuelles, on peut comprendre que certains soient découragés à l'idée de venir travailler dans de telles circonstances.»
La situation est tout aussi préoccupante dans le village Vingt-Cinq, où une grande partie des toitures ont été emportées par les vents violents. «Même si quelques membres de la Special Mobile Force (SMF) ont été dépêchés sur place pour une intervention rapide, ils sont déjà repartis.» Par ailleurs, la fourniture d'eau potable reste partiellement rétablie. «Les habitants doivent encore remplir des seaux et parcourir des distances pour ramener de l'eau chez eux. C'est une situation invivable.»
Pour accélérer la reconstruction et remobiliser la communauté locale, Laval Soopramanien propose d'embaucher les habitants euxmêmes. «L'île compte de nombreux chômeurs, dont certains possèdent les compétences nécessaires pour participer aux travaux. Avec un bon entrepreneur pour superviser, ce serait une solution idéale.» Cependant, malgré l'arrivée récente de matériaux comme des tôles et du bois, il reste un manque criant d'équipements et de moyens de transport pour mener à bien les travaux. «Les routes, surtout dans le village Vingt-Cinq, sont jonchées de débris. Cela complique non seulement la circulation, mais aussi le transport des matériaux nécessaires», souligne-t-il.
Un appel à l'action collective
Laval Soopramanien espère que l'OIDC et les autorités prendront en compte sa proposition de contrats pour les jeunes de l'île. « Il faut exploiter leurs talents et leur volonté pour remettre sur pied les infrastructures.» Il plaide également pour une meilleure coordination entre les différents acteurs concernés. «Pourquoi ne pas réunir travailleurs sociaux, ministres, députés et membres de la société civile autour d'une table ? Ensemble, nous pourrions établir un plan d'action clair, axé sur les priorités comme la reconstruction des écoles ou la restauration complète de l'eau potable.»
En attendant, le président de l'association tient à remercier tous ceux qui ont contribué en faisant des dons. Il annonce qu'un autre conteneur de matériel sera bientôt envoyé sur l'île pour apporter un soutien supplémentaire aux habitants.
Cyclone Chido : La reconstruction de Mayotte en question
Dévastée par le cyclone Chido le 14 décembre, Mayotte fait face à un immense chantier de reconstruction. Le Premier ministre François Bayrou a présenté le plan « Mayotte debout » pour redresser l'île, incluant un projet de loi d'urgence visant à accélérer les travaux. Parmi les priorités, empêcher la reconstruction des bidonvilles, qui représentent 40 % des habitations détruites, tout en offrant des solutions durables.
Si des logements temporaires ont été évoqués, des experts mettent en garde contre les échecs passés, comme en Haïti, et plaident pour des habitations résistantes et adaptées aux besoins locaux. Inspiré par le concept « Build Back Better », le plan vise à reconstruire de manière résiliente en simplifiant les règles administratives et en prenant en compte les risques climatiques.
Outre les infrastructures, le plan prévoit des mesures pour améliorer les réseaux d'eau et d'électricité, la formation des habitants, et le développement d'écosystèmes comme les mangroves pour limiter les impacts climatiques. La reconstruction devra aussi s'accompagner d'une réflexion sur des moyens de subsistance durables pour l'île. La coordination entre autorités, acteurs locaux et habitants sera essentielle pour relever ce défi complexe.