Le discours-programme qui sera présenté dans quelques semaines établira la feuille de route pour les prochaines cinq années. L'avenir nous dira si les promesses qui suscitent tant d'espoir auprès des artistes se concrétiseront. Ce ne sont pas les chantiers qui manquent dans ce secteur désaffecté et négligé que sont les arts et la culture. On sait aussi que les caisses sont vides. Que le mot «sacrifice» est à l'ordre du jour. Et s'il fallait surtout de la volonté politique pour faire avancer les dossiers ?
Cadre légal
Assises nationales des artistes
C'est la première annonce de Mahen Gondeea, ministre des Arts et de la culture depuis qu'il a prêté serment le 22 novembre 2024. Depuis sa prise de fonction, il affirme avoir lancé des discussions avec divers stakeholders et souhaite les réunir pour des Assises nationales des artistes. Est-ce que cela jettera les bases d'une vraie politique culturelle de la République ?
«Status of the Artist Act», le relooking
Réviser la Status of the Artist Act, votée le 13 juillet 2024, a promis l'Alliance du changement. Le projet de loi avait suscité de nombreuses critiques concernant la mainmise qu'elle donnait au ministre pour décider du statut des artistes. Par exemple, si le Professional in the Arts Council rejette la demande d'un artiste, son seul recours, c'est le ministre. Autre crainte exprimée : que ce conseil ne devienne un ministère des Arts et de la culture bis. Selon la loi actuelle, le Professional in the Arts Council a parmi ses autres attributions la création d'un plan de pension pour les artistes. De même qu'un State Recognition Allowance Scheme.
«Cultural desk» : le casse-tête des permis
Les annulations de dernière minute de concerts pour cause d'interdiction policière sont loin d'être isolées. «Supprimer tous les obstacles administratifs actuels qui entravent la tenue de concerts de musique. Un cultural desk verra le jour pour traiter toutes les demandes de concerts et autres manifestations d'envergure. Ce desk aura pour tâche de faciliter l'obtention de toutes les autorisations», a promis l'alliance au pouvoir.
Outre les permis, il y a aussi des règlements qui sont décriés par les organisateurs. Il y a l'interdiction de la vente d'alcool pendant les concerts et festivals, celle qui fixe l'horaire de fin de concert à minuit. Cela va-t-il aussi changer ?
«National Heritage Fund Act», révision attendue de longue date
En termes de politique générale, c'est une révision de «l'ensemble des initiatives, stratégies et investissements qui soutiennent l'expression artistique, le patrimoine culturel et les industries créatives afin de promouvoir l'expression culturelle mauricienne», qui a été promise. Cela va-t-il inclure des amendements à la National Heritage Fund Act pour mieux protéger le patrimoine ?
Gestion des droits d'auteurs
L'asphyxie de la MASA
Des difficultés chroniques: financières et administratives. C'est ce qui mine la société des droits d'auteurs depuis des années. Une situation aggravée par le moratoire sur le paiement des copyright fees pour l'utilisation de la musique par le secteur hôtelier et la compagnie d'aviation aérienne, suite à la pandémie.
Qu'ont promis les nouveaux dirigeants ? La création d'un «Office de la propriété intellectuelle sous l'égide du bureau de l'Attorney General pour superviser la Mauritius Society of Authors (MASA) et l'Office de la propriété industrielle». Assorti d'un «régime de rémunération» amendé.
Infrastructures
Lieux de concert: les bonnes adresses
Grief récurrent des organisateurs et des artistes: le manque de lieux appropriés pour organiser des concerts. Plusieurs promesses ont été énoncées. D'abord la, «transformation d'un des stades de football en salle de concerts». Une mesure qui ne coûte rien : la «mise à la disposition des jeunes artistes des stades, des salles polyvalentes et autres emplacements publics appropriés pour leurs concerts ou autres manifestations artistiques». À plus long terme : la «construction en Public Private Partnership d'une salle de concert entièrement équipée pour la tenue de manifestations artistiques, notamment de concerts».
Lieux d'exposition, retour en ville
Jadis, le Plaza avait sa galerie Max Boullé. Quatre-Bornes, sa galerie SSR et Curepipe, sa galerie Malcolm de Chazal, Lake Point. Mais elles ont graduellement perdu de leur dynamisme. La nouvelle administration sortie des élections municipales va-t-elle se pencher sur le dossier des galeries ? Reste la promesse des nouveaux dirigeants: la «réouverture des centres d'exposition dans les villes comme cela a été le cas auparavant et dont la gestion revient à l'administration locale».
Patrimoine
Musée de Mahébourg, gare à la saison des pluies
C'était le 18 décembre 2024. Les ministres Mahen Gondeea et Ashok Subron ont visité le Fort Frederik Hendrik à Vieux-Grand-Port. Le ministre des Arts s'est ensuite rendu au musée de Mahébourg. La rénovation urgente des lieux a été évoquée. La dernière rénovation du musée de Mahébourg date de l'an 2000. C'est sous un toit en bardeaux pourris bâché de prélart vert que le musée va affronter une nouvelle saison cyclonique. Un consultant avait été recruté pour assurer le respect des paramètres spécifiques à la rénovation d'un bâtiment classé patrimoine national. Et un appel d'offres pour recruter l'entrepreneur des travaux est attendu.
Théâtre du Plaza
2004-2025 : 21 ans depuis la fermeture en octobre
Avec les élections municipales attendues au premier trimestre de l'année, la nouvelle administration à BeauBassin-Rose-Hill aura dans ses dossiers l'épineuse question de la rénovation du théâtre du Plaza. Si l'hôtel de ville et les locaux administratifs ont eu droit à leur coup de neuf, le théâtre attend toujours. Il est fermé depuis octobre 2004. Les procédures administratives ont été retardées quand un soumissionnaire a contesté l'allocation du contrat pour la rénovation.
Théâtre de Port-Louis
Déjà 15 ans de fermeture pour rénovation
Le dernier appel d'offres lancé dans le cadre de la phase II de la rénovation du théâtre de Port-Louis date de mars 2023. En attendant, le théâtre de Port-Louis est fermé pour rénovation depuis juin 2008. En 2019, à la fin de la première phase des travaux, le théâtre a refermé ses portes pour attendre que la mairie de Port-Louis trouve les moyens de financer la seconde phase de travaux estimée à Rs 300 millions.
Les Archives nationales et la Bibliothèque nationale en construction
C'était le 3 octobre 2024. Jour de la pose de la première pierre du bâtiment qui va regrouper les Archives nationales et la Bibliothèque nationale, à Moka. Une fois prêt - l'étape de la construction doit prendre environ 18 mois -, le bâtiment verra la migration des Archives nationales de la zone industrielle de Coromandel et la Bibliothèque nationale du Fon Sing Building, rue Edith Cavell à Port-Louis. Une étape de transfert des documents historiques rares et pour certains fragiles qui sera délicate. Il s'agit d'un vieux projet qui lors du précédent régime travailliste de 2005-2014 avait pour nom la Culture House.
Cette nouvelle infrastructure située au Réduit Triangle bénéficie d'une ligne de crédit de l'Inde, la même que celle qui a financé la construction que la nouvelle Cour suprême.