Ile Maurice: Des parkings réservés aux personnes handicapées, mais occupés par d'autres

C'est une réalité de plus en plus fréquente : les personnes en situation de handicap se voient privées de leur droit d'accéder aux espaces de stationnement qui leur sont spécialement réservés. Le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, a annoncé qu'une modification de la loi était en préparation pour garantir que ces parkings soient réellement accessibles à leurs bénéficiaires.

Ces derniers jours, marqués par l'effervescence des préparatifs pour la nouvelle année, les parkings des centres commerciaux, des villes et des villages ont été pris d'assaut. Malheureusement, les espaces réservés aux personnes en situation de handicap n'ont pas échappé à cette tendance. Cette situation indigne Véronique Marisson, une sportive se déplaçant en fauteuil roulant. «Il arrive parfois que trois voitures se garent sur les deux places réservées. Ces espaces sont pourtant plus larges que les parkings standards afin de permettre à une personne handicapée d'ouvrir sa portière et de sortir facilement», explique-t-elle.

Pour Véronique Marisson, le comportement des automobilistes reflète un manque de considération. «Pourquoi une personne handicapée ne pourrait-elle pas sortir le soir ou se rendre dans un centre commercial pour passer du temps avec ses proches ?», s'interroge-t-elle. Elle déplore également l'utilisation de ces espaces par des livreurs, attirés par leur proximité avec les entrées des bâtiments. Face à cette situation, elle appelle à un changement de mentalité et plaide pour des mesures plus strictes. «Les lois actuelles sont insuffisantes. Il faut des sanctions plus sévères et un message fort pour décourager ces infractions.»

L'expérience de Girish Ramjuttun illustre les défis quotidiens auxquels font face les personnes en situation de handicap. Résidant en Australie, il était en vacances à Maurice en mars 2024 lorsqu'il a été frappé par un grave problème de santé. «Le 12 mars 2024, ma vie a basculé», raconte-t-il. «En quelques heures, je suis tombé malade et me suis retrouvé complètement paralysé, du cou aux pieds. Seule ma tête pouvait bouger. Ce syndrome, appelé Guillain-Barré, a radicalement changé ma perspective sur le handicap. Depuis, je comprends profondément ce que signifie vivre avec ces contraintes.»

Girish insiste sur l'importance de sensibiliser la population au respect des aires de stationnement réservées aux personnes handicapées. «Ces espaces, proches des entrées des centres commerciaux, ne sont pas un privilège, mais une nécessité. Trop de personnes les occupent par égoïsme, sans réfléchir aux conséquences pour ceux qui en ont réellement besoin.» Il déplore également l'absence de sanctions suffisantes contre les contrevenants. «Il faut renforcer les contraventions et durcir les lois. Sur Facebook, j'ai même ironisé en demandant à ces personnes de prendre aussi le handicap de ceux qu'elles privent de leur droit.» Il raconte ses difficultés à trouver des places disponibles, souvent réquisitionnées par des livreurs ou des automobilistes sans handicap.

Vers un cadre législatif plus inclusif

Ce problème ne se limite pas aux parkings des centres commerciaux. Girish Ramjuttun évoque les plages, notamment celle de Flic-en-Flac, où les emplacements réservés sont régulièrement occupés par des chauffeurs de minibus. «Lorsque vous leur demandez de libérer l'espace, cela se termine souvent en altercation. Parfois, la situation dégénère au point de devenir violente.» Il propose des solutions concrètes : «Dans certains centres commerciaux, des chaînes ou barrières empêchent l'accès non autorisé. Un agent de sécurité vérifie si vous êtes porteur d'un handicap avant de vous permettre d'y stationner. Ce type de dispositif devrait être généralisé.»

Le ministre Ashok Subron a annoncé une série de réformes pour garantir que les personnes en situation de handicap puissent jouir pleinement de leurs droits. «Le manque de respect généralisé à Maurice ne se limite pas au stationnement. Cela touche aussi l'accès à l'emploi et d'autres aspects de la vie quotidienne. Nous ne tolérerons plus ces comportements.» Parmi les mesures envisagées figurent la révision des lois relatives aux parkings, ainsi que des initiatives pour améliorer l'inclusion dans les entreprises. Ashok Subron appelle également à un changement d'attitude. «En tant que porte-parole de Rezistans ek Alternativ, je demande à la population de respecter les personnes en situation de handicap. Personne n'est à l'abri de se retrouver dans cette situation.»

Le ministre prévoit aussi d'améliorer l'accès aux plages et aux lieux publics pour garantir une plus grande autonomie à ces citoyens. En renforçant les lois et en promouvant le respect, Maurice pourra progresser vers une société plus inclusive et équitable.

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