Au mois de décembre, la cheffe de la diplomatie congolaise présentait le processus de Nairobi comme une alternative possible au processus de Luanda, qui piétine.
Deux processus de médiation existent en effet. Ils dont différents mais complémentaires.
Il y a d'abord le processus de Nairobi. Lancée en 2022 par la Communauté d'Afrique de l'Est (East African Community/EAC), cette initiative a pour principale ambition d'éradiquer la présence des groupes armés dans l'Est de la RDC.
Le processus de Luanda, lui, propose un cadre de négociation directe entre la RDC et le Rwanda.
Alphonse Maindo enseigne les sciences politiques à l'université de Kisangani. Il rappelle qu'à ce jour, aucun des deux processus n'est parvenu à stabiliser l'Est de la RDC.
L'enseignant précise que "les deux processus sont dans l'impasse. Il faut essayer de trouver un mécanisme pour relancer les deux processus, soit mutualiser les ressources, faire des synergies entre les deux ou avoir une médiation unique qui gère les deux."
Nairobi bis pour sauver la paix dans l'Est ?
Pour le politologue Christian Moleka, le fait d'avoir arrêté à un moment donné le processus de Nairobi pour se concentrer uniquement sur le processus de Luanda a désarticulé ces deux mécanismes qui allaient de pair.
"Aujourd'hui on fait face au fait que le processus de Luanda a aussi accouché d'une souris, vouloir reconstruire Nairobi est une bonne initiative mais dans un contexte qui a beaucoup évolué. Les groupes armés qui devaient rejoindre Nairobi sont pratiquement alliés au gouvernement [congolais] sous le vocable de wazalendo. Et le M23, qui a une forme de dynamique de terrain qui lui est favorable aujourd'hui, s'opposerait à une dynamique qui le mettrait pratiquement en composition avec d'autres groupes armés, Il va donc faire de la surenchère pour arracher un face-à -ace avec Kinshasa, soutient le politologue" pour qui "il est nécessaire de relancer Nairobi, probablement d'en modifier le format et éventuellement de le placer sous l'égide de l'Union africaine parce que Kinshasa émet quelques réserves sur la neutralité de l'EAC et du Kenya."
Responsabilités partagées
Le politologue congolais Jean Claude Mputu insiste sur la position des acteurs dans ce conflit et leurs responsabilités pour le retour d'une paix durable dans la région.
"Le problème n'est pas Luanda ou Nairobi, le problème est avant tout la volonté des dirigeants congolais de mieux organiser leur pays, de mieux se structurer et avoir des objectifs clairs avec un agenda précis de discussion. Du côté rwandais, il n'y a aucune volonté d'arrêter les pillages des ressources du Congo. Dans ces conditions-là, il est difficile qu'un processus surtout lorsque la communauté internationale ou les organisations sous régionales africaines sont complaisantes avec les uns et les autres et manquent de moyen de pression," soutient M. Mputu.
Le 15 décembre dernier, une rencontre était prévue entre la RDC et le Rwanda en Angola. Elle a été annulée suite au manque de terrain d'entente entre Kigali et Kinshasa. Le Rwanda avait posé comme préalable à la signature d'un accord de paix que la RDC mène un dialogue direct avec les rebelles du M23, ce que Kinshasa a décliné.