Cote d'Ivoire: Arraisonnement du Zimrida - Ces bons lanceurs d'alerte...

Le cargo Zimrida, ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Pourtant, sur les côtes ivoiriennes, il est depuis quelques jours, associé à un navire qui transporte une cargaison contenant du nitrate d'ammonium, un engrais populaire très prisé des paysans.

Mais voici que cette cargaison de 20 000 tonnes dont 3000 destinées à la Côte d'Ivoire, suscite des réactions de la part des populations. Des craintes ont été, en effet, soulevées sur le bon état de ce produit transporté dans des conditions floues. Le lièvre a été levé par un lanceur d'alerte du nom de Jean Christian Konan.

Ce dernier a alerté les autorités portuaires sur les menaces que représente cette cargaison qui, dit-on, a été interdite dans d'autres ports dans le monde, notamment en Angleterre. Rapidement, l'affaire est prise au sérieux par les autorités portuaires ivoiriennes qui ont pris des mesures conservatoires, notamment en bloquant le bateau en rade extérieur, c'est-à-dire en le tenant loin de la plateforme portuaire en attendant de voir plus clair.

Une réunion était annoncée hier, 6 janvier 2025, sur cette actualité en Eburnie. Pendant ce temps, la toile continue de s'enflammer. D'aucuns allant jusqu'à rappeler la tragédie qui a secoué le port de Beyrouth, au Liban, le 4 août 2020, et qui a occasionné plus de 220 morts toujours en lien avec le cargo et son contenu. En effet, en lien avec le drame, la déflagration, on s'en souvient, avait été provoquée par un incendie déclenché dans un entrepôt où étaient stockées « sans précaution », des tonnes de nitrate d'ammonium.

Un lanceur d'alerte peut sauver une nation

Cette affaire vient rappeler une autre : celle du Probo Koala, du nom de ce navire qui avait déversé, courant 2006, son contenu de déchets toxiques sur la décharge d'Akouédo, à Abidjan, provoquant de milliers de victimes.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un bon point pour les lanceurs d'alerte dont le rôle ne semble pas toujours bien compris de certains. En fait, de bons lanceurs d'alerte, il en existe. Et dans le cas de la « bombe flottante russe », la RCI leur doit une fière chandelle. Même si l'on ne peut affirmer ex cathedra, que le nitrate d'ammonium transporté pouvait provoquer une tragédie en terre ivoirienne, le mérite d'une telle interpellation réside dans le fait qu'elle a pu pousser les autorités portuaires à prendre les dispositions nécessaires pour parer à toute éventualité.

Cette réaction proactive des autorités portuaires, qu'il faut saluer, est à mettre à l'actif du lanceur l'alerte Konan. C'est dire si un lanceur d'alerte peut sauver une nation pour peu qu'il soit honnête, intègre et animé d'une seule intention : servir l'intérêt général et se prémunir contre les dangers de l'instrumentalisation. En tout état de cause, ne porte pas la casquette de lanceur d'alerte digne de ce nom, qui veut.

Notamment au regard de l'investissement personnel qu'exige une telle tâche. Le plus difficile est de ne rien attendre, en termes d'argent. Au Burkina, certains lanceurs d'alerte font un travail remarquable. A preuve, ils ont permis au REN-LAC (Réseau national de lutte anti-corruption), de se constituer partie civile dans plusieurs dossiers de corruption devant des juridictions. Quoi donc de plus normal qu'aujourd'hui, cette structure de lutte contre la corruption, plaide pour la reconnaissance, par une loi, du statut du lanceur d'alerte.

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