Les archives constituent l'un des socles d'un Etat dans l'optique de la préservation de son histoire, de sa mémoire. Expert des sciences des archives, le Pr Bobutaka Bateko a publié, le 31 décembre 2024, aux Editions universitaires européennes, l'ouvrage « Chef de l'Etat africain, le premier archiviste de son pays. Essai d'archivologie, africanologie, informatologie et politologie ». Un livre qui responsabilise de fait tout chef de l'Etat d'un pays d'Afrique comme étant le premier garant des archives nationales.
Sur l'endos du livre, Bob Bobutaka produit un résumé qui ramasse la consistance de 356 pages qui incitent immanquablement à la lecture. Il avance ceci : « La construction d'un schème autour du chef de l'État, dans une approche plurielle et interdisciplinaire fondée sur l'archivologie, l'informatologie, l'africanologie et la politologie constitue la quintessence justificative de ce livre. L'archivologie est un contexte explicatif du chef de l'État africain considéré comme les archives d'État personnifiées, sinon les archives nationales.
Quant à l'informatologie, le chef de l'État africain étant le premier citoyen, il est le détenteur des informations holistiques et stratégiques de son pays. L'africanologie présente les éléments explicatifs du chef de l'Etat à travers ses dimensions africaines et quant à la politologie, elle est un contexte disciplinaire de l'appropriation des archives par le chef de l'Etat pour la pérennisation de sa nation. Pour consolider le cadre théorique de la politologie et de la marketologie (la science du marché), il est conçu ici une nouvelle théorie intitulée le Political marketing celebrity ».
Dans un passage du livre, Bob Bobutaka évoque la nature d'institution d'un chef d'Etat, afin d'intérioriser cette responsabilité de premier archiviste dont la fonction est de collecter, classer, conserver et restaurer des archives et de les communiquer au public et aux chercheurs, ou encore le rôle de gardien de la mémoire collective. « Nous qualifions le chef de l'État de l'humain-institution dans la mesure où, à travers sa personne, c'est l'expression de l'État.
C'est ainsi qu'il est la seule institution régalienne qui porte la mention de l'État. En d'autres mots, il constitue l'unique institution de l'État qui est individualisée, alors que les autres sont les assemblages collectifs. En outre, nous insistons sur le fait qu'à lui seul est la dynamique royale, ou la dynamique républicaine, ou encore la dynamique impériale », écrit le Pr Bob Bobutaka.
dans cet essai au contenu crucial, il rend hommage au président de la Mauritanie. Voici ses mots : « Au Président de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine en exercice, le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, pour la destinée de l'Afrique et dont le règne est aussi couronné de la publication de cette oeuvre de l'esprit africanologique. En outre, ce livre met aussi en valeur la Mauritanie qui est parmi les rares Etats africains à gérer, deux fois, les conférences de l'Union africaine ».
Africanologie...
Le Pr Bobutaka s'attarde sur l'africanologie, thème abordé dans l'un de ses précédents ouvrages intitulé « Egyptologie, Africanologie et Mémoirologie. Cheikh Anta Diop, Théophile Obenga, Molefi Kete Asante, Ama Mazama et Kalala Omotunde », sorti en janvier 2024. Il y parlait du centenaire de Cheikh Anta Diop (1923-2023) qui, pour lui, constitue un facteur essentiel de la mémoirologie africanologique.
Dans le résumé, Bob Bobutaka citait le colistier de Cheikh Anta Diop, le patriarche et sommité congolais de Brazzaville, Théophile Obenga, considéré comme la mémoire vivante et interactive de l'égyptologie, et qui dirige Ankh, une revue d'égyptologie et des civilisations africaines, éditée à Paris, avec, entre autres, des préoccupations scientifiques pour explorer les différentes voies de recherche initiées ou renouvelées par Cheikh Anta Diop, dans une perspective épistémologique replaçant l'Égypte ancienne dans ce qu'il considère comme son « cadre naturel africain » et comme l'une des « civilisations négro-africaines anciennes ». Et le Pr Bob martelait dans ce livre que « Les deux Congo, la France et les Etats-Unis se trouvent au centre de la construction des schèmes sur l'égyptologie qui est une branche de l'africanologie, et que celle-ci est la téléologie de la mémoirologie ».
Eclectique, le Pr Bobutaka Bateko enseigne l'archivistique à l'Institut supérieur des statistiques à Kinshasa. Chercheur en archivologie, il collabore avec l'Université Cheik-Anta-Diop de Dakar (Sénégal), l'Université Senghor d'Alexandrie (Egypte), l'Université de Yaoundé 2 (Cameroun) et l'Université de Djibouti. Il est auteur de plusieurs publications interdisciplinaires.