Guinée: Des lendemains incertains

analyse

La nouvelle année risque d'être mouvementée en Guinée. La volonté affichée du gouvernement de repousser la fin de la Transition, préalablement fixée au 31 décembre 2024, n'est pas du goût de nombreux Guinéens.

C'est dans ce sens que mercredi 25 décembre dernier, le collectif des Forces vives de Guinée (FVG), qui regroupe les principaux partis d'opposition et diverses organisations de la société civile, a signifié ne plus reconnaître le régime militaire dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya, après cette date.

En effet, contre toute attente, les autorités guinéennes, contrairement à leurs engagements après le coup d'Etat en 2021 ayant renversé le régime du professeur Alpha Condé, ont décidé de reporter la fin de la Transition. L'une des raisons avancées est de mieux refonder l'Etat, sans pour autant déclarer jusqu'à quand. Mais, selon plusieurs observateurs, cette prolongation, sine die et unilatérale, serait liée à la révision constitutionnelle, à la relecture du Code électoral et du toilettage du fichier électoral. S'il est vrai que la mise en oeuvre de ces actions devrait permettre la tenue d'élections crédibles, la classe politique doute de la sincérité des dirigeants.

Elle qui, on se le rappelle, avait pourtant accueilli avec une forte dose d'enthousiasme et d'optimisme l'arrivée des militaires sur la scène politique pour mettre fin aux dérives dictatoriales du Président Alpha Condé. En décidant de renvoyer le délai de la Transition aux calendres grecs, avec tous les risques que cela peut avoir sur la stabilité du pays, on est en droit de se demander si on s'achemine vers une Transition sans fin, laissant plus d'un guinéen dans l'expectative. En tous les cas, les lendemains s'annoncent incertains pour le peuple guinéen, ce d'autant plus que des manifestations de grandes envergures sont prévues sur toute l'entendue du territoire pour dénoncer les velléités, quelque peu voilée, des autorités à s'éterniser aux affaires.

Les heurts violents qui ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre, ce lundi 6 janvier 2025, à Conakry, renforcent à suffisance les inquiétudes de certains observateurs de voir le pays de Sekou Touré sombrer dans un cycle de violences préjudiciables au peuple. Le respect du calendrier de retour à l'ordre constitutionnel normal constitue donc la véritable pomme de discorde face auquel des solutions doivent impérativement être trouvées de façon concertée. Cela, si l'on veut éviter de conduire le pays dans des troubles préjudiciables pour la population qui garde toujours les stigmates des violences passées.

Pourtant, cette année 2025 avait été considérée par de nombreux observateurs de la scène politique guinéenne comme charnière pour une nouvelle trajectoire vers un retour à la démocratie. Malheureusement, ce rebondissement vient éloigner les perspectives d'une élection et cela pourrait susciter, ipso facto, des tensions avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui tenait au respect du délai qui avait été fixé, pour le retour à l'ordre constitutionnel. Pour assurer donc le succès de cette Transition, les engagements initiaux pris par Mamadi Doumbouya devront être respectés si tant est qu'il veuille regagner la confiance de ses concitoyens et de la communauté internationale.

 

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