La dernière année de mise en oeuvre du projet « Sauver la Vie » (PSLV) marque une étape décisive pour la consolidation des acquis et la valorisation des résultats obtenus dans la région de la Boucle du Mouhoun.
Du 1er octobre 2024 au 30 septembre 2025, ce projet, fruit d'une synergie entre acteurs locaux et internationaux, mettra un accent sur la capitalisation des acquis afin d'améliorer durablement l'accès des femmes et des jeunes filles aux droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR), notamment ceux en lien avec l'interruption sécurisée de grossesse (ISG), conformément aux normes et lois en vigueur. Malgré les progrès réalisés, de nombreux défis persistent, notamment la méconnaissance des lois.
Dans le cadre de cette cinquième année du Projet Sauver la Vie (PSLV), la Communauté d'Action pour la Promotion de la Santé Sexuelle et Reproductive au Burkina Faso (CAPSSR-BF), en partenariat avec Pathfinder International, mènera des actions stratégiques orientées au maintien ou au renforcement des acquis pour un environnement propice à la promotion des DSSR dans la région de la Boucle du Mouhoun.
Son action s'inscrit dans une vision globale alignée sur les directives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et leProtocole de Maputo, qui promeuvent l'accès des femmes et des filles à des services de santé adaptés, y compris l'ISG, tout en respectant leurs droits fondamentaux.
Au niveau national, le Code pénal et la loi portant sur la Santé de la Reproduction constituent les principales bases légales pour l'accès aux services d'ISG. Cependant, en dépit de ces textes, de nombreuses femmes et jeunes filles éprouvent des difficultés à accéder à ces services, même lorsqu'elles remplissent les critères légaux. Cette situation découle principalement de la méconnaissance des lois, des normes et des protocoles par les prestataires de santé et d'autres parties prenantes (agents sociaux, magistrats, etc.), des réticences de certains prestataires à offrir ces services, et du manque d'information des victimes sur leurs droits et les procédures disponibles.
Les articles 513-13 et 513-14 du Code pénal précisent les cas où l'interruption sécurisée de grossesse est autorisée au Burkina Faso.
Ces cas sont :
- Viol,
- Inceste,
- Malformation grave du foetus,
- Menace pour la santé de la mère.
L'article 513-14 stipule qu'en cas de viol ou d'inceste, si la matérialité de la détresse est établie par le ministère public, une femme enceinte peut demander à un médecin, dans un délai de 14 semaines, une interruption de grossesse. Au-delà de ce délai, aucun agent de santé ne peut légalement effectuer cette procédure.
Des actions pour surmonter les obstacles
Des plaidoyers ont été menés auprès des autorités administratives, locales et des leaders de la région pour sensibiliser sur la nécessité de rendre accessibles les services de santé sexuelle et reproductive, y compris l'ISG, conformément à la loi.
Par ailleurs, les capacités des journalistes de la région de la Boucle du Mouhoun ont été renforcées afin de les inciter à traiter les questions liées aux DSSR. Malgré l'insécurité dans la région, cette thématique s'intègre progressivement dans le quotidien des populations de la Boucle du Mouhoun. Pour mobiliser ces acteurs à être des partie prenante à la promotion des textes et les lois en matière de DSSR y compris l'ISG selon la Loi, la CAPSSR-BF a lancé un concours de productions journalistiques, dont la remise des prix est prévue pour mars 2025.
« Alors que le PSLV entre dans sa dernière phase, il est crucial de capitaliser sur les résultats obtenus et d'assurer une appropriation durable par les communautés locales. La collaboration entre acteurs institutionnels, partenaires financiers et leaders d'opinion est essentielle pour garantir la pérennité des avancées dans la région », a déclaré Mamadou Dao, coordonnateur de la CAPSSR-BF.
La Boucle du Mouhoun reste au coeur des priorités pour promouvoir les DSSR et garantir un avenir où chaque femme et fille pourra accéder aux services de santé qui leur sont dus. À travers ses multiples actions, le projet « Sauver la Vie » incarne un modèle d'engagement collectif pour un changement durable.