Plus de 473 millions d'enfants, soit plus d'un sur six dans le monde, vivent dans une zone en conflit, selon un rapport de l'Unicef. Et le pourcentage d'enfants concernés a doublé depuis les années 1990. Le document détaille les conséquences sur les enfants.
L'année 2024 est une « année tragique », selon l'Unicef. Accès entravé aux soins, déscolarisation, malnutrition... Les enfants vivant dans des zones en conflits sont particulièrement vulnérables, explique l'Unicef. Plus de 52 millions d'entre eux seraient déscolarisés. Certains peuvent rater des années scolaires (Soudan, la bande de Gaza). D'autres n'ont pas accès à l'apprentissage. De plus en plus mal nourris, ils sont aussi plus vulnérables aux maladies comme la rougeole.
Environ 40 % des enfants non vaccinés ou insuffisamment vaccinés vivent dans un pays touché par un conflit. Avec des cas de dépressions, de cauchemars, de troubles du sommeil, leur santé mentale est aussi atteinte, touchée par l'exposition à la violence. Une violence qu'ils fuient parfois, ils sont 47 millions à avoir été déplacés fin 2023. Cette année, l'intensification des conflits a accru les déplacements, notamment en Haïti et au Soudan.
Crise humanitaire aggravée par la famine au Soudan
Malgré les engagements de plusieurs pays africains pour protéger les écoles et garantir la sécurité des enfants, ces promesses sont souvent ignorées. En Somalie et au Soudan, les conflits ont forcé des millions d'enfants à fuir, détruisant écoles et foyers, et les privant d'éducation. Au Soudan, la crise humanitaire est aggravée par une famine déclarée dans cinq régions du Darfour-Nord tandis qu'en Somalie et au Sahel, des milliers d'enfants souffrent de malnutrition sévère, avec des impacts durables sur leur santé mentale.
« Selon tous les indicateurs, la situation des enfants dans les zones de conflits n'a jamais été aussi mauvaise et le Soudan est l'un des cas les plus préoccupants », alerte Joe English, un des porte-paroles de l'Unicef. Ajoutant : « Le respect des règles de droit est indispensable pour protéger ces enfants en détresse, où qu'ils se trouvent ».
Garantir un accès humanitaire pour protéger les enfants
À travers le continent, les violences sexuelles continuent de toucher de nombreuses filles et femmes, tandis que la République démocratique du Congo reste l'un des pays les plus dangereux pour les enfants, avec des enlèvements, l'enrôlement forcé ainsi que des épidémies de rougeole et de polio qui aggravent une situation déjà critique.
Pour l'Unicef, il est urgent que les belligérants garantissent un accès humanitaire afin de protéger les enfants. Bien que trente pays africains aient signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, l'organisation appelle le reste du continent à rejoindre ce mouvement, comme l'ont fait le Rwanda et la Sierra Leone après des conflits en plaçant l'éducation et la santé des enfants au coeur de leurs priorités.
Une année record et des générations « marquées à vie »
C'est donc une année record, selon l'Unicef. Les conséquences des conflits sur les enfants ont atteint des niveaux dévastateurs. Les enfants constituent 30% de la population mondiale, mais représentent environ 40% de la population réfugiée. Pour Ann Avril, les futures générations sont « marquées à vie ». Elle évoque un impact physique sur les enfants, notamment « des retards de croissance liés au manque de nourriture, au manque d'eau, à des possibles maladies », avec « la résurgence de la polio dans certaines zones de guerre avec des conséquences physiques souvent irréversibles », ensuite « [un] impact psychologique ».