Afrique: Guerre économique - La Chine et la Turquie en concurrence

Contrats sécuritaires, ventes d'armes, exploitation des ressources naturelles, projets infrastructurels, l'Afrique au coeur d'une compétition peu médiatisée entre Pékin et Ankara.

Pendant que la bataille entre la Chine et la Turquie cristallise toutes les attentions, Ankara jouant des coudes avec Pékin en Afrique dans des secteurs multiples, notamment la construction des infrastructures, l'extraction des ressources naturelles, les équipements militaires et les accords sécuritaires, note un rapport de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), intitulé « Présences et rivalités sino-turques sur le continent africain ».

La Chine et la Turquie profitent de la volonté de certains pays africains de s'affranchir du monopole politique, économique et commercial des acteurs occidentaux. Jouant sur le registre anticolonialiste, Pékin et Ankara peuvent voir leurs discours et leurs intérêts entrer en conflit ou être mis en concurrence par les dirigeants ou les populations africaines. Dans le domaine du Soft Power, les deux puissances mobilisent la mémoire d'une impérialité douce et ancienne sur le continent africain qu'ils présentent comme étant nettement distincte de la colonisation occidentale.

La guerre de l'opinion publique

Des narratifs sont mis au service la compétition pour défendre leur positionnement, notamment la « troisième voie » turque, valorisant l'entreprise individuelle et le conservatisme, ainsi que l'OCI, l'Organisation de la coopération islamique et les 26 Etats membres, et le modèle chinois du développement contrôlé par l'État. Ce positionnement aura permis à la Turquie d'être élue membre non permanent du Conseil de sécurité en 2008 grâce au vote de 51 États africains.

Autres atouts turcs, la présence de ses médias en Afrique dans la guerre de l'opinion publique, notamment le journal TRT avec des contenus en 41 langues, dont le swahili, le portugais, le haoussa et le français, ainsi que Anadolu Agency publié dans 13 langues, dont le français, à l'intention du public africain francophone.

Concernant la Chine, elle déploie des moyens considérables dans le même domaine, à travers ses médias d'État, Xinhua avec des collaborateurs africains - plus de 1000 journalistes du continent participent à des programmes de formation en Chine depuis 2014, et CGTN un média privé StarTimes. Des collaborateurs africains chargés d'affiner les narratifs chinois et de les adapter aux cultures locales.

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