Du nord au sud, la façade océanienne de l'île enregistre des milliers de départs de feu quotidiens. La sécheresse empire la situation et les forêts denses humides sont loin d'être épargnées.
Sur les images satellites de la Nasa, une bande rouge écarlate surligne toute la côte est de Madagascar, du nord au sud. Ces milliers de points rouges représentent les feux qui sévissent actuellement sur l'île.
C'est le cas de notamment de celles du parc national de Ranomafana, dans lequel au moins vingt-cinq hectares de forêt secondaire ont été calcinés, depuis le 27 décembre. Ce mercredi 8 janvier a d'ailleurs été déclaré « jour mort » par la mairie de Ranomafana : tous les employés de la ville, du privé comme du public, sont invités à aller prêter main forte pour éteindre les feux.
« Sur la terre, c'est comme l'enfer » a lâché ce week-end monseigneur Fabien Raharilamboniaina, le président de la Conférence épiscopale de Madagascar (CEM) pour illustrer l'ampleur des feux qui ravagent pour le moment l'est du pays. Depuis mi-décembre, les départs de feu de brousse et de forêts n'ont cessé d'augmenter.
Au parc national de Ranomafana, la pluviométrie, étonnamment faible en cette saison des pluies, explique en partie pourquoi ces feux dits « de litière » ont du mal à être circonscrits. Aro Rajaonarivo, directeur des opérations à Madagascar National Parks, organisme chargé de gérer le parc, détaille : « Le feu se propage sous les couches de feuilles, sous le sol, c'est la raison pour laquelle, c'est difficile de lutter. Parce que quelques fois, le feu peut couver plusieurs jours. On croit alors qu'il est éteint, mais s'il trouve des ouvertures sur la litière, il se propage à nouveau après. »
Manque de matériel
Depuis deux jours, au village de Ranomafana, les tam-tam retentissent à l'aube. Ils invitent la population à venir combattre les flammes dans les zones touchées. « Les responsables du parc nous ont donné les consignes et les forces armées assurent la sécurité » explique Manavotra. Comme six-cents autres personnes, ce salarié d'une ONG de la zone a passé sa journée de mardi au milieu d'une forêt en danger.
Le problème, c'est que les moyens sont insuffisants. « Aujourd'hui, nous avons essayé d'éteindre le feu avec notre matériel, avec nos bêches. Nous avons creusé dans la terre pour la jeter ensuite sur les flammes. C'est dangereux, puisqu'il y a du feu sous l'humus, et on peut se brûler les pieds involontairement. Beaucoup d'entre nous n'ont pas de chaussures. Les flammes à certains endroits atteignaient les dix mètres de haut. Le problème, voyez-vous, c'est que les matériaux utilisés sont insuffisants. Nous devrions utiliser par exemple des pompes à eau, mais il n'y en a pas ici », regrette le salarié.
Madagascar National Parks a porté plainte contre X. Les responsables du parc sont convaincus que les incendies sont d'origine criminelles. Qu'ils ont été provoqués « en représailles aux sanctions prises contre les auteurs de coupes de bois illicites ». Une enquête menée par la gendarmerie serait en cours.
Pour l'heure, les scientifiques estiment qu'il est encore trop tôt pour mesurer l'impact de ces incendies sur la biodiversité et les forêts du parc.