Une enquête sur la conjoncture économique a été réalisée par la Banque centrale de Madagascar auprès de 229 entreprises réparties sur tout le territoire national au cours du troisième trimestre de l'année dernière.
« Les activités des entreprises formelles ont évolué de manière disparate entre le deuxième et le troisième trimestre de 2024. Dans l'ensemble, l'amélioration observée a été inférieure aux prévisions des entreprises. Comme les années précédentes, elles anticipent toutefois une progression au cours du dernier trimestre 2024 », indique la note de conjoncture économique publiée récemment par cette institution financière publique. Cependant, les entreprises interrogées ont également souligné les principales contraintes au développement de leurs activités, lesquelles restent inchangées par rapport aux précédentes enquêtes menées par la Banque centrale de Madagascar auprès du secteur privé.
Horaires non respectés
L'incertitude économique figure en tête des préoccupations, mentionnée par 75,1 % des entreprises enquêtées. De nombreux opérateurs économiques hésitent à réinvestir en raison du manque de visibilité sur les orientations de l'État. « Il existe même une contradiction entre les politiques nationales évoquées par certains départements ministériels et leurs actions concrètes sur le terrain », témoigne un acteur du secteur privé.
En deuxième position, le délestage reste une contrainte majeure pour 60,5% des entreprises interrogées. À l'instar des ménages, le secteur privé déplore que la JIRAMA ne respecte pas les horaires annoncés pour les coupures d'électricité. Face à cette situation, le Syndicat des industries de Madagascar (SIM) propose une solution alternative : la détaxation de l'importation des matériels et équipements permettant de produire de l'énergie, tels que les groupes électrogènes.
Nouvelles hausses d'impôts. Par ailleurs, 56,6% des entreprises ont identifié l'instabilité du contexte socio-politique comme une autre contrainte importante. Les opérateurs économiques appellent unanimement à une stabilité politique sur tout le territoire, condition essentielle au développement économique.
La fiscalité arrive également parmi les principales préoccupations, citée par 56% des entreprises comme un frein à leur croissance. Les nouvelles hausses d'impôts inscrites dans la loi de finances initiale pour l'année 2025 accentuent ces difficultés. En outre, certains opérateurs dénoncent un traitement fiscal inégalitaire. « Tandis que certains bénéficient d'un échelonnement des paiements, d'autres doivent régler immédiatement un acompte, ce qui impacte la trésorerie des entreprises », déplore une source.
Forme d'élimination. Enfin, les conditions de concurrence représentent un obstacle majeur pour 40 % des entreprises interrogées. Depuis plusieurs années, des groupes d'entreprises dénoncent l'existence d'une concurrence déloyale dans le pays. Par exemple, dans le cadre des appels d'offres publics, seules quelques entreprises semblent informées, réduisant ainsi les chances d'autres opérateurs de soumissionner. « C'est une forme d'élimination qui empêche les entreprises d'être compétitives », conclut un entrepreneur.