La retransmission en direct du Conseil des ministres a eu pour but de démontrer à la population que des solutions aux problèmes actuels sont déjà établies. Le président de la République a enjoint les ministres à s'activer pour accélérer la concrétisation des projets.
Un recadrage. Comme prévu, le premier Conseil des ministres de l'année a été retransmis en direct sur les médias publics et sur le réseau social Facebook. Le décor a ainsi été planté dans la traditionnelle salle du Conseil, au palais d'État d'Iavoloha. Andry Rajoelina, président de la République, a fait son entrée à 16 heures 30.
D'entrée, le chef de l'État a annoncé la couleur. La retransmission en direct de cette réunion, qui marque la rentrée de l'Exécutif, selon lui, "est pour jouer la transparence". Étant donné que le Conseil des ministres est l'instance suprême des prises de décision concernant les affaires étatiques, les problèmes socio-économiques du moment, les principaux projets étatiques concernant directement la population et des sujets d'actualité ont été à l'ordre du jour.
L'idée, comme l'a indiqué le Président, a été d'expliquer à la population les différentes dimensions des problèmes actuels, mais surtout de leur démontrer que des solutions sont déjà actées et en cours. Le chef de l'État a, justement, saisi l'occasion pour rappeler aux ministres ce qu'il attend d'eux. "Il y a un programme défini. Ce n'est pas au président de la République de le mettre en oeuvre. Le Premier ministre coordonne, et c'est aux ministres de le concrétiser", souligne-t-il alors.
Visiblement, le locataire d'Iavoloha a estimé que ce recadrage était nécessaire, en ce début d'année, pour réaffirmer aux ministres qu'il attend d'eux de l'action et des résultats. D'autant plus qu'il a réaffirmé que cette année, il faudra relever de nombreux défis. Outre les problèmes d'eau et d'électricité, ou encore la hausse du prix du riz et les feux de forêts, il faudra aussi s'atteler aux préparatifs de l'accueil de deux rendez-vous internationaux, avec des projets d'infrastructures en perspective.
Démarrant sur un sujet d'actualité, qu'est la tentative d'exportation d'or impliquant un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères, le Président a voulu souligner la question de la lutte contre l'impunité. Le dit fonctionnaire est toujours recherché. Le chef de l'État a donné l'ordre qu'il soit traqué et traduit devant la justice le plus rapidement possible.
Action et résultat
Andry Rajoelina a, du reste, mis l'accent sur ses attentes en termes d'action et de résultats dans ses mots d'introduction et de relance aux interventions de chacun des ministres qui ont été invités à prendre la parole, hier. Il a glissé au passage des rappels à l'ordre sur la question de la méthodologie et des réponses qu'il voulait entendre. Un recentrage déclenché par Christian Ntsay, Premier ministre.
Des ministres se sont noyés dans une rivière d'explications techniques, perdant de vue la question posée. C'est le cas, par exemple, au sujet de la crise énergétique. Le chef de l'État a demandé au ministre de l'Énergie et des Hydrocarbures de présenter un chronogramme pour la réalisation des projets de parcs solaires et de centrales thermiques, annoncés comme solutions. Finalement, il a fallu attendre que le Président fasse un résumé de sa longue réponse pour savoir que la concrétisation se fera "entre mars et juin".
Pareillement au sujet de la hausse du prix du riz, jugée "incompréhensible, anormale et injuste". Il a été demandé au ministre concerné d'apporter des explications sur les mesures prises pour y remédier. Il s'est limité à parler de surveillance et de sensibilisation, abordant avec hésitation la question d'éventuelles sanctions. Le chef de l'État a pourtant exigé des mesures fermes contre les probables spéculateurs, en affirmant l'impératif d'un retour à la normale du prix du riz dans l'immédiat, avec une réduction conséquente, notamment de celui du riz importé, d'ici un mois et demie.
Prenant la balle au bond, le Premier ministre rappelle qu'il y a une loi sur la gestion des stocks. Que les stocks de riz dans chaque localité sont connus. Le chef du gouvernement affirme ainsi des suspicions de "corruption, de connivence" des responsables des démembrements locaux du ministère de l'Industrie et du Commerce. "Si elles sont avérées, il faut prendre les mesures qui s'imposent", a alors déclaré le Premier ministre.
La crise de l'eau, les feux de forêts, l'état des lieux sur les projets pour l'atteinte de l'autosuffisance alimentaire, le déroulement des projets sociaux, ou encore l'effectivité de la gratuité des soins d'urgence dans les hôpitaux publics ont été des sujets sur lesquels les ministres ont été appelés à apporter des explications en Conseil des ministres, hier. À chaque occasion, le président de la République a insisté sur l'action et les résultats.
Prenant l'exemple des feux de forêts, Andry Rajoelina a soutenu : "Ce n'est pas sur la table du Conseil des ministres que nous allons éteindre les feux. Il faut aller sur le terrain et mobiliser tous les acteurs."