Elu avec 56,55% des voix dès le premier tour, à la faveur de la présidentielle du 7 décembre dernier, le président Ghanéen, John Dramani Mahama, qui signe son retour au pouvoir, huit ans après son premier mandat, a prêté serment le 7 janvier dernier dans la capitale ghanéenne.
C'était lors d'une cérémonie solennelle et riche en couleurs, qui s'est tenue à la Place de l'indépendance à Accra, devant une foule des grands jours et un parterre d'invités dont des chefs d'Etat africains. Si dans son discours inaugural, l'ancien-nouveau locataire du Jubilee House a réaffirmé son engagement pour le développement économique, la stabilité et le bien-être des populations ghanéennes, l'un des défis et pas des moindres qui l'attendent au plan international, est celui de l'intégration régionale à travers la libre circulation des personnes et des biens. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la mesure de suppression des visas, entrée en vigueur le 1er janvier dernier, pour tous les citoyens des pays africains désirant se rendre au Ghana.
Le président John Dramani Mahama est appelé à taper du poing sur la table
Une mesure qui vise non seulement à faciliter les mouvements des populations d'un même continent, mais aussi qui s'inscrit dans un cadre plus large de rapprochement des peuples et de promotion de la libre circulation des citoyens sur le continent noir. Une décision aussi audacieuse qu'elle est un message fort d'ouverture, de coopération et de solidarité entre pays africains, qui mérite d'être salué à sa juste valeur.
C'est dire si en la matière, le mérite du pays de Kwame Nkrumah est grand. D'autant plus qu'il rejoint d'autres pays africains comme le Rwanda, les Seychelles, la Gambie et le Bénin qui ont déjà adopté, avant lui, cette politique de libre circulation par la suppression des formalités de visas à l'arrivée. Mais il y a encore beaucoup à faire. Car, ils sont nombreux, les ressortissants de la sous-région, à se plaindre des tracasseries policières devenues le lot quotidien des voyageurs sur les corridors ghanéens.
Autant dire qu'en matière d'intégration régionale et de libre circulation des personnes et des biens, le pays de Kwame Nkrumah a encore beaucoup d'efforts à faire, au regard de la persistance des rackets et des contraintes liées aux formalités administratives à la frontière. Mais le pays n'a pas intérêt à laisser perdurer le phénomène. Et le président John Dramani Mahama est d'autant plus appelé à taper du poing sur la table que le phénomène est devenu aussi endémique que systémique, avec une grande dose de corruption qui contribue à ternir l'image du pays et à en rajouter au calvaire des voyageurs.
C'est dire si la situation doit interpeller au plus haut niveau et appeller à une réaction vigoureuse du chef de l'Etat qui ne doit pas rester calfeutré dans son bureau en se contentant de prendre des mesures. La situation recommande d'autant plus son engagement personnel qu'il n'en n'est pas à sa première expérience à la tête de l'Etat ghanéen qu'il a eu à diriger dans un passé pas très lointain.
La traversée des frontières terrestres est devenue un moment de fortes angoisses pour de nombreux voyageurs
C'est donc en homme averti et bien imprégné de la problématique, qu'il reprend les rênes du pouvoir. Il lui appartient donc de travailler à redorer le blason de son pays sur une question qui est devenue un sujet de forte préoccupation. La question qui se pose est de savoir si le chef de l'Etat tout frais émoulu, montrera de la volonté à combattre un phénomène aussi systémique qu'il a la peau dure.
La question est d'autant plus fondée qu'au-delà de son ampleur, c'est un phénomène qui n'est pas l'apanage du seul Ghana dans une sous-région ouest-africaine où de la Côte atlantique aux pays de l'hinterland, la traversée des frontières terrestres est devenue un moment de fortes angoisses pour de nombreux voyageurs. Une situation qui traduit, à souhait, l'échec des politiques d'intégration édictées dans les textes communautaires, en matière de libre circulation des personnes et des biens. En tout état de cause, le défi reste entier. Et l'on attend de voir si le chef de l'Etat ghanéen en fera une priorité.
Pour le reste, on ne cessera jamais de saluer le niveau de maturité de la démocratie ghanéenne qui s'est traduite, une fois de plus, par une dévolution pacifique du pouvoir au lendemain d'un scrutin où la vox populi a été respectée. Quant à John Dramani Mahama qui hérite d'un pays en pleines difficultés économiques sur fond de renchérissement du coût de la vie, il mesure, sans doute, l'ampleur de sa tâche en raison des fortes attentes de ses concitoyens.