Le Cameroun n'est pas dans les temps pour se conformer aux exigences de l'Initiative internationale pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), une organisation à laquelle les pays membres adhèrent librement, une forme de certification de la bonne gouvernance dans le secteur des mines, du pétrole et du gaz. Le pays risque la radiation de l'ITIE à l'horizon 2027.
Yaoundé devait remettre au plus tard le 31 décembre un rapport d'activité à l'Initiative internationale pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), mais ne l'a pas fait. Le Cameroun demande un délai supplémentaire.
Le ministre des Mines, Gentry Fuh Calistus, a ainsi écrit à Helen Clark, la présidente de l'ITIE. Il dit souhaiter dix semaines supplémentaires pour publier le document le 7 mars. La raison invoquée : « des aléas, dans la désignation des représentants de la société civile au sein du nouveau comité ITIE » national.
Chaque pays membre de l'ITIE doit pourtant divulguer ponctuellement paiements et recettes publiques issus des secteurs extractifs pour chaque exercice financier, au plus tard deux ans après l'année concernée. Yaoundé devait donc remettre fin décembre le rapport d'activités 2022.
Un retard dommageable
Un retard fort dommageable selon Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency International Cameroun. « Les États savent que chaque année, il y a un rapport à publier, les dispositions auraient dû être prises », regrette l'avocat. Pour lui, il y a un manque de volonté politique.
Le pays est déjà suspendu de l'ITIE depuis mars dernier, le Conseil d'administration de l'Initiative ayant exprimé sa « vive préoccupation » concernant la société civile et sa liberté de participer au débat public.
Une radiation nuirait à la réputation du Cameroun, déjà entachée par l'affaire Glencore et alors que le président Paul Biya le 31 décembre a redit miser sur le secteur minier pour financer le développement.