Tunisie: Point de vue - Des listes, des calculs...

8 Janvier 2025

Trois listes ont déposé à la dernière heure leurs listes pour les fameuses élections de la FTF. D'abord, un mot sur la forme. On n'a pas bien compris pourquoi ces trois listes ont été déposées au dernier jour et à une ou deux heures du délai-butoir. Est-ce un retard voulu, une sorte de suspense cherché ou des tractations de dernière minute? Ça peut être aussi une envie de laisser les listes concurrentes sur leur faim et de ne pas abattre toutes ses cartes.

En tout cas, ce n'est pas un indice de confiance et de clarté. Ceux qui savent ce qu'ils veulent faire n'ont pas de problèmes à s'afficher dès le premier jour. Passons au contenu de ce dépôt. Ces trois listes ne sont pas surprenantes, car les noms, on les connaît depuis plus d'une semaine, notamment pour les têtes de série. Dans chaque liste, il y a des noms qui ont déjà figuré sur les listes rejetées des dernières élections avortées. Cette fois, il n'y a pas de Wassef Jelaïel (le plus grand perdant et celui qui a miné le football tunisien par ses décisions en sortant de la FTF), ni Maher Ben Aïssa, ni Zyed Telemçani, ni encore moins Tarek Dhieb ou le fameux Ali Hafsi à qui on a enlevé le critère du niveau d'études, mais qui a préféré s'esquiver.

Tout ce beau monde est absent pour diverses raisons. Ceux qui sont inscrits proviennent essentiellement ligues régionales, ainsi que des clubs. Certains d'entre eux représentent les clubs influents, essentiellement l'EST et le CA (ça devient une habitude). Sans oublier les juristes du sport dont Moez Nasri (qui a fait capoter les listes des dernières élections), qui mène une liste à prendre très au sérieux et où il y a Houssine Jenayeh et certains responsables influents dans la région du Sahel, notamment. Moez Nasri et sa liste auront deux adversaires : Mahmoud Hammami et Jalel Tkaya. Ce dernier est habitué à se présenter même s'il sait que ses chances sont très minimes avec, à chaque fois, de nouveaux noms qu'il choisit pour, éventuellement, une liste qui «fait le lièvre».

Quant à Mahmoud Hammami, c'est celui qui a le CV le plus lourd sur les trois candidats à la présidence de la FTF en étant ex-trésorier des temps de Hammouda Ben Ammar avec un passage à l'Unaf et aussi au Cnot où il a échoué à deux reprises à glaner le poste de président face à M. Boussayène. Ça devrait être un duel acharné entre Hammami et Nasri qui ont des appuis de partout, à l'intérieur et à l'extérieur du monde du football. Mais au fait, ces deux listes pèsent-elles lourd en termes de compétences et surtout de diversité de profils ?

Amasser les anciens joueurs internationaux qui n'ont pas de niveau d'études, ou collectionner les juristes, essentiellement les avocats qui gagnent beaucoup derrière les litiges entre joueurs et clubs, suffisent-ils pour élever le niveau ? On va les écouter pendant cette campagne électorale qui a déjà commencé. Avec ces listes «légères», ce sera le marchandage qui va primer.

Regardez de près le nom et le métier des membres de ces deux listes pour comprendre qu'on a cherché à respecter le quota et les ententes plutôt que les compétences et les hommes et femmes qui peuvent changer le triste décor du football tunisien. Le vainqueur de ces élections (si les trois listes sont validées), on le connaîtrait peut-être au second tour. Il faudra que les trois listes aient déjà le nom du futur sélectionneur national, car c'est là le vrai enjeu de ces élections. Si l'équipe nationale se qualifie au mondial, c'est une manne financière qui va sauver la FTF pour, au moins deux ans, voire plus. Sinon, ce sera un tunnel interminable et des jours pénibles à vivre pour le prochain bureau fédéral.

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