Il invente des formes, affronte le métal et l'acier, raconte une histoire. Il donne mouvement et équilibre à ces structures, leur offre moteurs, roulements et chaînes de transmission.
Une grenouille qui fait voler un hydravion, des libellules agitées, des mouettes au vol hiératique ou des poissons qui ondulent. Nous sommes dans le monde étrange et onirique de Noutayel, l'artiste ingénieur roboticien, si inclassable qu'on ne saurait le cantonner dans une case.
Alors sculpteur, oui, car il invente des formes, affronte le métal et l'acier, raconte une histoire. Ingénieur mécanique, certainement, car il donne mouvement et équilibre à ces structures, leur offre moteurs, roulements et chaînes de transmission. Roboticien, certes, car il programme, et domine. Mais plus que tout poète, car il donne des ailes à l'acier, fait danser ses animaux mythologiques et offre le mouvement perpétuel à ses lourdes structures.
Alors, bien sûr, on sait bien qu'il y a derrière tout cela des règles de la physique et de la robotique, mais on ne peut s'empêcher, sans oser le dire, qu'il y a certainement un peu de magie là- dedans.
Noutayel, discret et secret, aurait, en cherchant bien, l'aspect d'un mystérieux alchimiste ou du magicien d'Oz. Mais dès qu'il sourit dans sa barbe, on retrouve l'humour et le plaisir du créateur qui s'amuse et est heureux de partager son plaisir.
Feryel Lakhdar, qui est la talentueuse commissaire de cette exposition, nous parle de Calder et de Tinguely. Noutayel va plus loin, ou ailleurs, semble-t-il, car au-delà des règles de la cinétique, de la fragilité des équilibres et de celles de l'inertie, il insuffle du rythme, de la poésie, et un peu de folie aussi. Feryel nous annonce la sortie prochaine d'un livre consacré au travail de Noutayel qui a commencé son parcours de sculpteur mécanique au début des années 2000. Nous l'attendons avec curiosité. L'exposition, qui a lieu dans l'espace Casabo à Sidi Bou Saïd, est initiée par le Centre des Arts Jerba.