Depuis la fin du mois de novembre, la capitale malgache a connu moins de dix jours de pluie. À la même époque, les années précédentes, Antananarivo avait déjà vécu des épisodes pluvieux abondants, classiques pour la saison. Conséquence : les ressources en eau s'épuisent et la production agricole est menacée.
Le manque de pluie se fait fortement sentir à Fenoarivo, une commune située à une dizaine de kilomètres d'Antananarivo, qui assure une partie des besoins en légumes de la ville. Là-bas, c'est toute une filière, des cultivateurs aux consommateurs, qui souffre du manque de pluie.
À chaque coup de pelle, Desy reprend son souffle au milieu d'une plaine censée être gorgée d'eau. Ici la terre est devenue graveleuse et dure à travailler. Ce cultivateur de légumes de 48 ans est témoin de la dégradation des sols d'année en année. Cette saison particulièrement, il anticipe de mauvaises récoltes : « avant, nos choux étaient gros et de bonne qualité, mais les sols se sont dégradés, et aujourd'hui, ils sont aussi petits que mon poing ! Pareil pour les maïs que vous voyez là-bas, les tiges étaient bien plus garnies en épis par le passé. »
À quelques centaines de mètres des parcelles agricoles, dans une rue commerçante, Miarisoa accueille ses clients. Comme elle, les vendeurs de carottes, choux et autres légumes de saison de la commune manquent de stock et se désolent de produits de mauvaise qualité. « Ici, on a beaucoup de terres, mais sans pluie, on ne peut plus la cultiver ! Cela entraîne même des vols et de l'insécurité dans le quartier, car on n'a tout simplement pas à manger », se désole la commerçante.
Des produits importés d'autres régions
Devant cet étal parsemé de quelques carottes et oignons, un client fidèle s'agace d'un paradoxe. Faute de pluie, les vendeurs de cette zone réputée pour la fertilité de ses terres doivent s'approvisionner en ville sur un marché de la capitale pour assurer les seuls besoins de la commune : « Les légumes que vous voyez viennent d'Anosibe [le marché d'Antananarivo où affluent des denrées de toute l'île, NDLR.], car ici en ce moment, on n'a pas de légumes. À cause du climat, on ne peut plus fournir les gens du quartier. Les vendeurs d'ici sont obligés d'acheter des légumes ailleurs, à l'extérieur. »
L'absence de pluie affecte déjà au quotidien les ménages de la ville, confrontés aux délestages en série. Autre conséquence directe pour les consommateurs, la hausse des prix des légumes qui risque de fragiliser à terme la sécurité alimentaire autour de la capitale.