Mali: La suspension de Joliba TV a déjà de graves conséquences financières pour le média

La suppression de la licence de Joliba TV a été réduite, en décembre, à une suspension de six mois par la Haute autorité malienne de la communication (HAC), mais la Maison de la presse du Mali, qui rassemble les organisations de journalistes du pays, poursuit sa médiation pour obtenir le rétablissement sans délai de la chaîne, car les conséquences économiques se font déjà sentir.

La sanction a été infligée à la chaîne de télévision privée après qu'un invité a douté, lors d'une émission de débats, de la véracité d'un supposé Coup d'Etat déjoué au Burkina Faso. Depuis 45 jours que la chaîne a cessé d'émettre et la direction de Joliba TV évalue ses pertes à environ 80 millions de FCFA, soit 122 000 euros.

Un montant qui s'explique principalement par le non-renouvellement de contrats publicitaires ou de partenariats, et même par les demandes de remboursement de certains annonceurs. La situation est d'autant plus critique que les perspectives pour engager de futurs contrats, pour l'année qui s'ouvre, ne sont évidemment pas favorables : « 2025 risque d'être une année blanche », s'inquiète un dirigeant de Joliba TV, alors que « les charges, elles, continuent de s'accumuler », comme les frais techniques, entretien des équipements, salaires et charges fixes.

Un micro à terre

Car en dépit de la suspension, les journalistes de Joliba TV continuent d'être payés et de travailler. Après avoir été gratifiés de dix de jours de congés « pour permettre à chacun de se ressourcer », témoigne un cadre de la rédaction, les journalistes de la chaîne télé renforcent désormais les équipes de la radio Joliba FM et des programmes numériques, sur internet.

« Mais les défis sont nombreux », explique encore ce journaliste, « certains officiels n'acceptent pas notre présence, ce qui complique le travail au quotidien. » Sans parler du ressenti, a fortiori dans une rédaction globalement assez jeune. Lors d'une conférence de presse, début décembre, le Général Abdoulaye Maïga, Premier ministre de transition, avait laissé à terre le micro de Joliba FM, alors que ceux des autres médias étaient posés devant lui sur une table.

Contenus solides dès la reprise

« Financièrement, Joliba TV est à terre, mais nos équipes ne le sont pas », clame pourtant un dirigeant de la chaîne, « nous nous relèverons toujours. » L'indignation et la colère des journalistes de Joliba TV, face à une sanction jugée injuste et attentatoire aux libertés de la presse, d'expression, d'opinion, ne passent pas.

Pour autant, ni les brimades ni l'amertume n'empêchent les journalistes de regarder devant eux et de préparer déjà la reconstruction : « l'objectif est de nous concentrer sur des sujets de fond et des reportages, confie un pilier de la rédaction, afin de disposer de contenus solides dès la reprise. »

La Maison de la presse poursuit actuellement sa médiation auprès de la HAC pour obtenir le rétablissement pur et simple de Joliba TV. À ce stade, la chaîne étant toujours suspendue pour six mois, les programmes ne sont pas censés reprendre avant le 26 mai prochain.

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