Si la psychose n'est pas encore totale, la classe dirigeante semble faire une fixation sur un éventuel trouble qui risque de renverser le régime Rajoelina.
Année de tous les dangers. Le spectre d'un départ du pouvoir par un coup de force semble hanter le régime Rajoelina. Secouée depuis le début de l'année par un vent de panique, la classe dirigeante laisse paraître qu'elle redoute, à la sortie des élections générales gagnées contre vents et marées, une alternance au pouvoir par une autre voie que celle des urnes. Après la ministre de la Communication et de la Culture, le député du 4ème arrondissement de la capitale et le Premier ministre, c'était au tour des partis appartenant à la plateforme pro-régime de monter au créneau, mercredi, afin de défendre le régime et de mettre en garde l'opposition contre toute tentative de semer le désordre dans le pays, tout en prêchant la paix et bannissant ainsi « la culture de la violence ».
Climat de sérénité
En effet, depuis un moment, des renseignements font, souvent, état de tentatives de troubles ou encore de déstabilisation. Des informations prises au sérieux par les autorités étatiques et militaires. Outre les membres du Gouvernement qui se sont exprimés sur la nécessité d'un climat de sérénité dans le pays, des officiers des Forces armées mais aussi un général retraité à la tête d'une institution ont également brisé le silence afin d'intimider l'opposition et tous ceux qui sont animés par des mauvaises intentions de renoncer à leur projet. Ils soutiennent ainsi que l'ordre et la stabilité restent des priorités absolues dans un contexte où les enjeux de développement sont au coeur des préoccupations nationales. Quoi qu'il en soit, des éléments des Forces de l'ordre investissent en permanence la Place du 13 mai, comme si le régime s'attendait à tout moment à des manifestations non-autorisées.
Éternelle vaincue
Avec une cote d'impopularité qui se trouve peut être à son plus haut niveau, le régime ne manque pas d'inspiration pour faire paraître que ses soutiens sont encore là et restent indéfectibles, prêts à tout pour prendre sa défense. C'était avec un sentiment d'indifférence qu'une partie de l'opinion a accueilli la déclaration des ténors de la plateforme pro-régime lors d'une conférence qui s'est tenue ce mercredi, à l'hôtel Colbert. « Les Malgaches peuvent-ils encore supporter une crise qu'une minorité veut créer à Madagascar pour ses intérêts personnels ? », s'interrogent-ils comme si l'opposition, qu'ils qualifient d' « éternelle vaincue », avait la force et les moyens de fomenter des troubles dans un pays où la plateforme au pouvoir domine l'Assemblée nationale, a raflé la majorité des communes, selon les résultats provisoires de la CENI, et a encore les Forces de l'ordre et de sécurité entre ses mains. Face à la panique, le régime a même trouvé l'idée de ressusciter des politiciens qui n'ont plus d'existence politique.
Similitudes
En tout cas, l'année 2025 est cruciale pour la suite du mandat d'Andry Rajoelina. Depuis l'avènement de la Troisième République, jamais un président n'a pu finir son deuxième mandat. Des similitudes entre le dernier mandat de l'ancien président Marc Ravalomanana et celui que l'actuel locataire d'Iavoloha vient de célébrer son premier anniversaire sont d'ailleurs à souligner. Alors que le patron de l'empire Tiko venait de gagner les élections de décembre 2006 avec près de 54,8 % des voix et Madagascar s'apprêtait à accueillir le sommet de l'UA, il s'est fait renverser par un mouvement populaire en 2009. Cette fois, après avoir gagné la présidentielle de novembre 2023, avec 58,95 % des voix, Rajoelina a en perspective l'accueil du sommet de la SADC. Peu importe, même si la paix et la stabilité ne se décrètent pas, les problèmes d'inflation, de délestage, de pénurie d'eau ou encore la baisse du pouvoir d'achat sont les adversaires les plus redoutables du régime.