Institutions, partis politiques, organismes rattachés et entités religieuses ont présenté leurs voeux du Nouvel An au couple présidentiel, hier, à Iavoloha. Les représentants de la Conférence des évêques de Madagascar ont fait partie des délégations présentes.
Une valse de présentation des voeux. C'est ce qui s'est déroulé, hier, au palais d'État d'Iavoloha. Le banquet du Nouvel An, jugé inapproprié, ayant été supprimé des pratiques étatiques depuis 2019, la présentation des voeux du Nouvel An au couple présidentiel se fait sous forme de rencontre par délégation.
Hier, le couple présidentiel a ainsi enchaîné la réception des délégations venues leur présenter leurs voeux pour la nouvelle année. Outre les parlementaires, le gouvernement et les alliés politiques du chef de l'État, des représentants de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM) ont aussi fait le déplacement à Iavoloha. Il était 11 heures lorsque la délégation de la CEM, conduite par son président, monseigneur Marie Fabien Raharilamboniaina, a été reçue par Andry Rajoelina, président de la République, et son épouse, Mialy Rajoelina.
Monseigneur Jean-Claude Rakotoarisoa, évêque de Miarinarivo, monseigneur Jean-Pascal Andriantsoavina, évêque d'Antsirabe, et le père Séraphin HandriniainaRafanomezantsoa, secrétaire de coordination de la CEM, ont aussi été parmi la délégation qui s'est rendue, hier, au palais d'État d'Iavoloha. La teneur des échanges, qui a duré une trentaine de minutes, n'a pas été rapportée par la présidence de la République. À l'instar des autres rencontres, elle a été conclue par une photo de famille.
Bien qu'il n'y ait pas plus de détails, la présence des représentants de l'Église catholique parmi les délégations qui se sont rendues à Iavoloha est la principale information qui ressort de cette valse de présentation des voeux. Depuis quelques semaines, il se chuchote qu'il existerait une tension latente entre l'État et les confessions au sein du Conseil oecuménique des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM), notamment les catholiques et l'Église réformée FJKM.
Des quatre confessions au sein du FFKM, justement, seule l'Église catholique s'est rendue à Iavoloha, hier. La Conférence épiscopale a présenté ses voeux au couple présidentiel en son nom propre. De source avisée, jusqu'à l'heure actuelle, une rencontre de présentation des voeux par le Conseil œcuménique n'est pas inscrite dans le planning du chef de l'État. Monseigneur Jean de Dieu Raoelison, archevêque d'Antananarivo, non plus, n'était pas de la délégation de la CEM, à Iavoloha, hier.
Influence
L'archevêque d'Antananarivo représente les catholiques au sein du quatuor qui dirige le FFKM. Monseigneur Jean de Dieu Raoelison en assurera, d'autant plus, la présidence tournante cette année. Les critiques virulentes de l'Église face à la conjoncture socio-économique seraient la cause de cette crispation de ses relations avec l'État. Certaines, considérées comme une prise de position politique contre le pouvoir, se sont heurtées à une riposte tout autant vigoureuse des partisans de ce dernier.
L'Église catholique, par la voix de la Conférence épiscopale, a été la première à fustiger l'État sur la situation nationale. La CEM a décoché une première salve de remontrances le 15 novembre. Une phrase de cette déclaration a particulièrement marqué les esprits. Parlant de la pénurie d'eau, les évêques ont soutenu, "il s'agit d'un homicide indirect puisque l'eau, c'est la vie". Dans son message de Noël, le cardinal Désiré Tsarahazana est revenu à la charge en pointant du doigt l'enlisement de la pauvreté.
Dimanche, à Farafangana, c'est monseigneur Raharilamboniaina qui est monté au créneau. Il a exhorté les tenants du pouvoir à agir rapidement et de manière efficace face aux feux de forêts et "pour que la population puisse manger à sa faim". Dans cette prise de parole, le président de la CEM a souligné que le rôle des évêques est aussi d'interpeller et de conscientiser les responsables sur les problèmes rencontrés par la population.
La présence des représentants des évêques à Iavoloha, hier, pourrait avoir été pour démontrer qu'il n'y a pas de mauvaises intentions derrière les déclarations de ces dernières semaines. Que la Conférence épiscopale reste dans ce rôle d'interpellation et de conscientisation. À s'en tenir à une publication sur sa page Facebook, le président de la République, non plus, ne leur en tient pas rigueur.
"La prospérité de Madagascar et de la population est notre objectif commun. Je vous assure que l'État sera toujours aux côtés de ceux qui cherchent le développement du pays et la paix du peuple", indique la publication sur la page Facebook du locataire d'Iavoloha. Un texte qui accompagne les photos de la visite de la délégation de la CEM, mais aussi celles qui rapportent la présentation des voeux faite par les représentants des Églises évangéliques.
Alors que du côté du FFKM, seule l'Église catholique a été présente à Iavoloha, hier. Les évangéliques, eux, sont venus en nombre. Au-delà des controverses, il est indéniable que le FFKM a une influence non négligeable dans la dynamique politique du pays et la conduite des affaires étatiques. Visiblement, à l'instar de ce qui se passe dans des pays comme les États-Unis, les évangéliques veulent désormais jouer une partition dans le domaine politique à Madagascar.