Dans le cadre de la lutte contre le banditisme dans la Capitale, le Gouvernement a intensifié ses efforts pour mettre la main sur quiconque sème la terreur, afin de le déférer devant la justice, pour des sanctions exemplaires. C'est dans cette optique que des audiences foraines se sont tenues mercredi 8 janvier 2025, dans différents commissariats de la ville, pour juger les Kuluna arrêtés suite à la mise en place de l'opération de bouclages dans les quartiers et rues de Kinshasa.
Le Tribunal de Garnison de Kinshasa/Gombe a procédé à l'identification de 54 bandits urbains, communément appelés "Kuluna", poursuivis pour terrorisme. Cette audience tenue mercredi 8 janvier 2025 au Commissariat du district de Kalamu, marque une étape importante dans la lutte contre le banditisme urbain en RDC.
Au cours de cette audience en procédure de flagrance, la défense a soulevé devant le tribunal, la problématique de 16 prévenus qui n'auraient pas atteint la majorité. Ainsi, elle a évoqué l'incompétence du tribunal de les juger, et a appelé au transfert de ces derniers devant leur juge naturel.
"Monsieur le président, vous avez constaté à ce stade d'instruction que 16 de nos clients sont des mineurs d'âge et que vous êtes incompétent pour les juger conformément à la loi. Donc, il faut les renvoyer à leur juge naturel censé connaître leur cause", ont plaidé les avocats de la défense.
"Nous allons soumettre ces prétendus mineurs à une expertise médicale et le tribunal va se prononcer par un jugement avant-dire-droit sur leur sort après le rapport de ladite expertise", a répondu le Major Magistrat Freddy Eume Ampia aux arguments de la défense.
Parallèlement à cette audience, le même jour, le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/N'djili a condamné 64 Kuluna à des peines sévères, allant de 20 ans de servitude pénale principale, à la peine de mort, association des malfaiteurs et terrorisme. Lors de cette audience tenue au Commissariat de la Police de N'djili, le Major Jeff Lufuluabo, président du Tribunal, a prononcé les sentences. Deux prévenus policiers ont été condamnés à 20 ans de servitude pénale principale pour terrorisme, tandis que 62 Kuluna ont reçu des peines variant entre 20 ans de prison et la peine capitale. De plus, tous les prévenus coupables de terrorisme ont été condamnés à payer solidairement la somme de 10 000 dollars américains à deux parties civiles pour tout préjudice confondu.
Application de la peine de mort
Cette décision de recourir à la peine de mort pour les Kuluna a suscité de vives réactions. Le Ministre d'Etat, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux Constant Mutamba, a, au cours d'un briefing presse organisé avec le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, réaffirmé la fermeté du Gouvernement dans l'application de cette mesure. Selon lui, les actes posés par ces malfrats relèvent du terrorisme et justifient une réponse sévère. Le phénomène Kuluna, caractérisé par des actes de violence urbaine, est perçu comme une menace majeure pour la sécurité publique en RDC. Les autorités estiment que des mesures drastiques sont nécessaires pour rétablir l'ordre et la sécurité dans les grandes villes du pays. Cependant, cette approche suscite des interrogations quant à sa compatibilité avec les engagements internationaux de la RDC en matière de droits humains. La peine de mort est une sanction controversée, critiquée par de nombreuses organisations de défense de droits de l'homme. Ces dernières soulignent que la peine capitale ne constitue pas une solution efficace pour lutter contre la criminalité et appellent à des réformes judiciaires et pénales plus humaines et respectueuses des droits fondamentaux.
Malgré ces critiques, le Gouvernement reste déterminé à appliquer la peine de mort pour les Kuluna. Le Ministre d'Etat en charge de la Justice a insisté sur l'urgence sécuritaire et la nécessité de garantir la paix et la sécurité dans les communautés locales. Il a également annoncé l'intensification de bouclages dans les quartiers et les rues pour procéder à des arrestations ciblées de semeurs de troubles.