Madagascar: Municipales au pays - Décriée, la Commission électorale clame son impartialité

À Madagascar, les tribunaux administratifs n'ont plus qu'une semaine pour annoncer le nom du nouveau maire d'Antananarivo. Les résultats sont attendus dans un climat délétère alors que l'opposition et la société civile mettent en cause la transparence du scrutin municipal du 11 décembre 2024. En réponse à ces suspicions, ce 9 janvier, la Commission électorale (Céni) s'est longuement justifiée et a tenu à clamer sa neutralité. Elle rejette par ailleurs toute responsabilité dans l'incarcération d'un proche du TIM, le parti de l'ancien président Marc Ravalomanana, suspecté d'avoir piraté le site de la Céni et modifié les résultats provisoires dans la capitale. Détails.

La déclaration a pris la forme d'une démonstration d'impartialité. Face à la presse, les représentants de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de Madagascar ont démonté, les uns après les autres, les reproches lancés contre elle, à commencer par la décision de rouvrir les listes électorales quelques semaines avant l'élection du 11 décembre 2024. Cette procédure dite « d'ordonnance » a permis l'ajout en dernière minute de 60 000 électeurs, dont la moitié dans la capitale.

L'opposition y voit un moyen de gonfler les listes en faveur d'Harilala Ramanantsoa, la candidate du régime. La Céni insiste, elle, sur la légalité de la démarche. Elle rappelle au passage que Tojo Ravalomanana, premier opposant à la mairie d'Antananarivo, a lui-même bénéficié de cette procédure et ainsi pu se porter candidat.

Autre tollé évoqué par la Céni : la diffusion, le 21 décembre, de résultats contraires à ceux annoncés la veille, donnant finalement vainqueur l'opposition dans la capitale. L'affaire n'a fait qu'amplifier la méfiance de la population envers une institution déjà en mal de crédibilité.

« Même le site de la Nasa peut être attaqué »

Tseheno Rakotondrasoa, secrétaire exécutif de la Céni, réitère la version d'un piratage du site destiné, selon l'institution, à manipuler la voix du peuple : « Même le site de la Nasa [l'agence spatiale américaine, NDLR], de certaines grandes institutions étrangères ou d'autres États peuvent être attaqués. Cela ne veut pas dire que les techniciens de la Céni sont incompétents. C'est maintenant aux enquêteurs d'établir la vérité. »

Suite à une plainte contre X déposée par la Céni auprès de la police judiciaire, Jean-Luce Randriamihoatra, un technicien informatique du TIM a été très vite appréhendé à son domicile, son ordinateur confisqué. Accusé d'accès frauduleux à un système informatique, on lui reproche, entre autres, d'avoir troublé l'ordre public et d'avoir porté atteinte à la sûreté de l'État.

Détenu dans la prison centrale d'Antanimora en attente de son procès le 11 février, ce proche de l'opposition se voit reprocher au passage ses propos critiques en ligne contre la Jirama, la compagnie nationale de distribution d'électricité. Des propos tenus au mois d'août dans un climat de mécontentement généralisé dû aux délestages à répétition dans la capitale.

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