Ile Maurice: L'abolition du «Best Loser System» ne fait pas l'unanimité

Ce gouvernement dispose de toutes les cartes en main pour apporter une réforme à un système électoral qui a montré ses lacunes. De plus, c'est une des conditions imposées par Rezistans ek Alternativ (ReA) pour intégrer l'alliance composée du Parti travailliste (PTr), du Mouvement militant mauricien et de Nouveaux démocrates. Un des amendements constitutionnels devrait se faire dans les six mois suivant la victoire de cette alliance. Il est stipulé qu'avant cette période, le gouvernement doit rendre permanent le «mini-amendement de 2014», qui n'oblige pas un candidat de déclarer son appartenance ethnique, jusqu'à la réforme électorale.

Cependant, la déclaration ethnique d'un candidat permet de choisir des députés sous la formule du Best Loser System (BLS). Quelques-uns croient fermement qu'il faut tout simplement abolir ce système pour que le «mauricianisme» se développe. Toutefois, ce n'est pas aussi simple. Le système électoral a des failles. Il ne faut pas traiter que la fièvre alors que la maladie est ailleurs, explique un observateur politique.

À titre d'exemple, les contours des circonscriptions pourraient défavoriser certains candidats. Un Mauricien ayant comme prénom Shakeel aura très peu de chance d'être élu dans la circonscription no 5 (Pamplemousses-Triolet), par exemple ; et il en sera de même pour un candidat appelé Joe dans la circonscription no 2 (PortLouis-Sud-Port-Louis-Centre) sous l'actuelle formule. En abolissant le BLS, dit-il, certains candidats seraient défavorisés.

«Il faut une analyse profonde de notre système»

Le constitutionnaliste Milan Meetarbhan, s'exprimant en son nom personnel, explique qu'il faut remonter à la période pré-indépendance pour savoir dans quelles circonstances le BLS fut introduit. «Le BLS est un élément très important pour le système électoral. Il a été introduit pour une raison précise et à une époque précise. Il servait à rassurer une partie de la population qu'elle serait représentée au Parlement et, en cas de 60-0, ce système permet d'avoir une opposition.

Je suis persuadé qu'il ne faut pas faire un changement en morceaux. Il faut un changement global du système et du processus électoral», insiste-t-il. Avant de poursuivre : «Il faut une analyse profonde de notre système électoral en prenant en considération les différents résultats électoraux depuis l'Indépendance. Il faut chercher les failles afin de perfectionner ce système. Il faut aussi connaître les points forts. Bref, il faut une consultation large.»

ReA a toujours milité sur le plan légal pour ne pas rendre la déclaration ethnique obligatoire. D'ailleurs, il est derrière le «mini-amendement de 2014». Désormais, la bataille est sur le plan politique, comme l'explique Ashok Subron. «Ce sera déjà un pas énorme quand nous amendera la Constitution pour rendre le mini-amendement de 2014 permanent jusqu'à la réforme électorale.

Au gouvernement, nous sommes déterminés à apporter une réforme électorale. Il n'y a pas de doute là-dessus, mais si jamais il y a un nouveau gouvernement, il ne pourra pas toucher le "mini-amendement de 2014" tant qu'il n'y a pas une réforme électorale.» Ashok Subron maintient que la réforme électorale concernera l'introduction d'une dose de proportionnelle, plus de femmes au Parlement et un système pour que des groupes ayant certaines sensibilités politiques et idéologiques soient représentés au Parlement.

Qu'en est-il du BLS ? «Nous n'allons pas toucher à ce système. Il y aura des consultations nationales. Si l'on demande de garder le BLS, il sera dans le système. Cependant, il ne sera plus question de rendre la déclaration ethnique obligatoire. Dans quel pays au monde un candidat doit déclarer son "way of life" pour pouvoir participer à des élections ? Sa citoyenneté et ses qualifications ne suffisent-elles pas ? Faut-il choisir entre son père et sa mère sachant que la plupart des Mauriciens ont des ancêtres de différentes origines», maintient-il.

Sur le plan politique, plusieurs partis sont contre l'abolition du BLS. Le Parti mauricien social-démocrate s'y est toujours opposé. Cependant, il est pour une dose de proportionnelle. «Il ne suffit pas d'abolir le BLS qui apporte un équilibre ethnique. De plus, il crée une opposition en cas de 60-0, bien que ce soit malheureux qu'en 2024, deux députés élus sous le BLS n'ont pas voulu jouer leur rôle de députés de l'opposition le lendemain même de leur élection.

C'est mauvais pour la démocratie. Cependant, nous reconnaissons que le BLS ne suffit pas. Il faut un système proportionnel pour assurer une opposition plus solide et une meilleure représentativité équitable de Mauriciens de différentes origines. Le PMSD est donc pour une dose de proportionnalité», précise un cadre de ce parti.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.