L'Attorney General, Gavin Glover, à la tête de la mission mauricienne à Londres, mène des discussions qualifiées de «serrées» par le bureau du Premier ministre (PMO). L'objectif : finaliser rapidement l'accord sur les îles Chagos, sans évoquer explicitement la date butoir du 20 janvier, marquant l'investiture du 47e président des États-Unis, Donald Trump. Du côté britannique, le Financial Times a évoqué un possible «versement anticipé d'une première tranche couvrant plusieurs années de paiement, en guise d'incitation» pour conclure l'accord entre Londres et Port-Louis.
Un accord sur plusieurs fronts
Les discussions ne portent pas uniquement sur des compensations financières, a tenu à préciser la partie mauricienne. Selon des sources citées par The Times, Maurice aurait initialement demandé 800 millions de livres sterling par an (environ Rs 45 milliards) pour le bail de Diego Garcia, en plus de milliards de livres en réparations. Ces chiffres, bien que largement repris dans la presse britannique, restent non officiels et ont été démentis par le PMO.
Un responsable mauricien, proche du dossier Chagos, a insisté auprès de l'express : «Ce n'est pas juste une question d'argent, mais de souveraineté.» Trois éléments majeurs définissent la position de Maurice :
- La souveraineté complète sur l'archipel des Chagos, incluant Diego Garcia.
- La durée du bail de 99 ans, jugée trop longue.
- Une compensation financière ajustée pour refléter les impacts de l'inflation. Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, a réaffirmé lors d'une conférence de presse : «Pa kapav lokater pe vinn propriyeter.» (Le locataire ne peut devenir propriétaire.)
Les défis des négociations rouvertes
Les discussions actuelles s'inscrivent dans un contexte délicat. Le précédent accord, conclu en octobre 2024 entre l'ancien Premier ministre Pravind Jugnauth et son homologue britannique sir Keir Starmer, avait été jugé insuffisant par l'équipe de Ramgoolam. Ce dernier, depuis son retour au pouvoir, a exprimé son mécontentement, y compris auprès du secrétaire d'État américain sortant, Antony Blinken. Un article du Times souligne que la défaite électorale de Jugnauth face à Ramgoolam a compliqué les plans britanniques. «It did not help Britain either, since Ramgoolam is now demanding more money», peut-on lire.
Diego Garcia : un enjeu stratégique
L'accord actuel propose de conserver un bail britannique de 99 ans sur Diego Garcia, où est implantée une base militaire américaine essentielle. Utilisée comme hub pour des bombardiers et des navires, la base a joué un rôle central dans les guerres en Afghanistan et en Irak. Depuis l'indépendance de Maurice dans les années 1960, la Grande-Bretagne a maintenu son contrôle sur les Chagos, évacuant des milliers de Chagossiens. Ces derniers ont depuis intenté plusieurs actions en justice pour obtenir des compensations.
Inflation et souveraineté au coeur des pourparlers
Un responsable du PMO a déclaré que l'inflation, un élément négligé dans les discussions précédentes, doit désormais être intégrée dans les calculs. Cependant, il a souligné que «l'accord devra être solidement négocié sur la base de la souveraineté, de la durée du bail et des finances».L'enjeu principal reste clair : rétablir la souveraineté de Maurice sur l'archipel des Chagos tout en garantissant une compensation juste et équitable pour l'utilisation prolongée de Diego Garcia. Les négociations se poursuivent, avec l'objectif de conclure avant tout bouleversement géopolitique majeur lié à l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche.