En Tunisie, Sonia Dahmani, avocate et chroniqueuse arrêtée lors d'une émission en direct sur France 24, comparaissait ce vendredi 10 janvier en appel. En première instance elle avait été condamnée à deux ans de prison pour « diffusion de fausses informations », un des cinq dossiers dans lesquels elle est poursuivie. Elle a déjà purgé huit mois de prison. Et le jugement a été renvoyé au 24 janvier. Le Syndicat des journalistes a dénoncé dans un communiqué les atteintes aux droits des journalistes par la justice tunisienne depuis trois ans.
C'est une audience qui a duré plusieurs heures ce vendredi 10 janvier avec les plaidoiries des avocats. Sonia Dahmani a également pris la parole déclarant qu'elle n'a fait que rapporter la vérité sans aucune intention de créer une mésentente ou un conflit entre les Tunisiens et qu'elle n'avait fait que son travail. Elle a été condamnée pour ses déclarations médiatiques sur le sort réservé aux migrants subsahariens.
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A l'issue de l'audience, la décision sur son appel a été finalement reportée et l'avocate est aussi poursuivie dans le cadre de quatre autres affaires, qui tombent toutes sous le coup du décret 54. Le texte promulgué en 2022 pour lutter contre la cybercriminalité punit sévèrement la diffusion de fausses informations et la diffamation.
Parallèlement à Sonia Dahmani, deux autres journalistes étaient aussi devant la justice ce vendredi. Il s'agit de Chadha Haj Mbarek en détention depuis juillet 2023 dans l'affaire dite « Instalingo » qui concerne principalement des hommes d'affaires et des membres du parti islamiste Ennahda. Son procès a été reporté au 28 janvier prochain.
« Ciblage »
Ghassen Ben Khalifa militant de la société civile, actuellement en liberté, a été aussi entendu ce vendredi par le juge dans une affaire de contenus incriminant qu'il aurait publié sur les réseaux sociaux. Le syndicat des journalistes tunisiens a dénoncé dans un communiqué ces poursuites judiciaires qu'il considère comme un « ciblage » des journalistes et une « atteinte à leurs droits ».
Chronique des médias La Tunisie dans l'automne de ses libertés