Au Sénégal, la grogne monte dans la zone où opère la société Grande Côte Opérations (GCO), détenue à 90 % par l'entreprise minière française Eramet et à 10 % par l'État sénégalais. En charge de l'exploitation du zircon depuis 2014 sur la côte atlantique, ces derniers mois, les maraîchers riverains de la mine mobile se plaignent de la perte de leurs terres agricoles et des compensations trop faibles pour laisser passer la mine.
« Eramet ça suffit », du nom de l'entreprise française qui exploite le zircon dans la zone. Ce jour-là, ils sont une quarantaine à bloquer la piste et le passage des camions vers la mine, mécontents comme Ibrahima Ba, maraîcher : « On est là pour se plaindre. À cette heure-ci, s'il n'y avait pas cette mine, on serait en train de travailler dans nos champs, c'est ça qui nous permet de vivre et maintenant ce n'est plus possible. »
En cause, selon les manifestants, l'assèchement de terres agricoles après le passage de la mine mobile, qui filtre le sable sur 10 à 15 m de profondeur pour extraire le minerai, pompant aussi l'eau sur son passage, mais aussi, le rachat de leurs terres par l'entreprise minière pour extraire le zircon, notamment utilisé dans l'industrie nucléaire.
Une indemnisation trop faible
Les propriétaires ont été indemnisés, mais bien en dessous de la valeur de leurs champs, affirme Samba Sene, à la tête d'un collectif de jeunes. « Trois millions de CFA », soit près de 4 600 euros, ont été payés pour les cinq hectares de terre de son père, affirme Samba Sene.
Autre critique, trop peu de jeunes de la zone travaillent pour la mine, qui emploie 2 000 personnes. Djibril Ba, qui a perdu son champ, est dépité : « Au début, ils avaient dit que dès qu'ils passaient, ils allaient leur redonner leurs champs pour continuer à cultiver, mais ils n'ont jamais fait ça. »
L'entreprise Grande côte opérations (GCO) dément ces accusations. Dans un communiqué publié ce 9 janvier, elle assure avoir restitué 85 hectares à l'État sur les 3 000 exploités et être le cinquième contributeur minier au budget de l'État.
De leur côté, les habitants, mais aussi le maire de l'une des communes et de plus en plus d'acteurs de la société civile, demandent un moratoire le temps d'évaluer l'impact environnemental et économique pour la région, qui produit 80 % des légumes du Sénégal.