Classée vendredi soir comme tempête tropicale, Dikeledi devrait se transformer en cyclone dans les prochaines heures dans l'océan Indien. Il devrait frapper le nord de Madagascar et passer au large de Mayotte, déjà éprouvée par le cyclone Chido, il y a un mois.
Pour l'heure, la tempête tropicale est principalement sur la trajectoire de Madagascar et devrait passer à 140 km au sud de Mayotte, qui a néanmoins été placée en « alerte cyclonique orange » le 11 janvier par la préfecture. Dikeledi est une forte tempête tropicale qui devrait atteindre le stade de cyclone ces prochaines heures, avant d'atterrir sur le nord-est de Madagascar le samedi en début de soirée.
Les régions Sava, Diana et Sofia, situées à la pointe nord de l'île de Madagascar, sont directement menacées. Avec des rafales estimées à 150 km/h près de son centre, la population doit se préparer à des vents destructeurs et à des pluies intenses dans les zones traversées par le système.
Les Malgaches font des provisions
À Sambava, les habitants se préparent depuis 24 heures pour l'arrivée de Dikeledi. Si le ciel vendredi était encore bleu, la mer a déjà bien monté, rapporte notre correspondante sur l'île, Sarah Tétaud. Des lames de huit mètres sont attendues sur les côtes. Toutefois, des cyclones, Philippe en a vu d'autres : « il n'y a pas de sensibilisation au niveau de la mairie, mais on est habitué quand même : ce n'est pas notre premier cyclone. Comme on ne sait pas ce qui va se passer, il faut quand même faire des provisions. Provisions de nourriture, d'électricité [des piles, NDLR.] et d'eau potable ». C'est sur Facebook et à la télévision nationale que Philippe tentera d'en savoir plus ce samedi, pour connaître avec plus de précisions l'heure du passage du cyclone, sa trajectoire et son intensité.
Roland, lui, est professeur de français. L'école dans laquelle il enseigne restera ouverte aujourd'hui pour accueillir les habitants qui souhaitent s'y réfugier, et les éventuels sinistrés. « Ce vendredi, j'ai dit à mes élèves qu'il ne faut pas sortir ce samedi. Et mes élèves m'ont dit "ah, nous sommes déjà au courant!". Alors là, j'insiste, surtout ne pas se balader comme d'habitude, mais rester bien à la maison et dites à vos camarades aussi de ne pas sortir », décrit le professeur.
Les prévisionnistes estiment que le cyclone pourrait atterrir proche de Vohémar, une ville côtière durement frappée l'an dernier par son prédécesseur Gamane. Les toits en tôle de la ville ont été recouverts de sacs de sable. Les affaires importantes, mises en hauteur. Des inondations sont à craindre. Il devrait pleuvoir plus de 100 mm en 24 heures.
Les ponts détruits n'y ont d'ailleurs pas encore été reconstruits, explique Elio : « Vohémar, aujourd'hui, reste très isolée. La crainte qu'on a, c'est que ce cyclone aggrave encore la situation. L'année dernière, après le passage de Gamane, les approvisionnements ont presque été coupés pendant un mois. Et les gens ont encore des traumatismes de ça. Chez nous, ma mère a coupé les arbres autour de la maison. Presque tout le monde fait ça, pour éviter que ça ne s'abatte sur la maison. »
Des habitants démunis à Mayotte
Il y a quelques heures, le préfet de Mayotte a déclenché une pré-alerte cyclonique et demande à la population de se préparer. Dikeledi devrait passer à 140 km au sud de l'île. Les rafales devraient atteindre 100 km/h samedi dans la soirée, alors que la population essaie de se relever après le passage du cyclone Chido, il y a près d'un mois qui a dévasté ce département d'Outre-Mer.
Vendredi soir, devant un gymnase de la commune de Labattoir, en Petite-Terre, Mustali, 32 ans, s'offre une parenthèse avant la tempête tropicale : « J'ai acheté de l'eau et de la nourriture pour subvenir aux besoins (...) Je vais rester à la maison comme tout le monde. »
Encore faut-il avoir une maison, rappelle notre journaliste Justine Rodier. Le cyclone Chido a emporté la majorité des habitations, en durs et précaires. Comme celle de Yasmin, 19 ans, qui descend du quartier de la Vigie « Tout a été détruit, je n'ai pas encore pu reconstruire. » Certains ont rafistolé avec des bâches et les débris ont été poussés sur les bords des routes. Sa voisine, Madi, 30 ans, le dit : elle a peur. « Les enfants, je fais quoi des enfants ? On va où ? Je sais rien du tout ? ». Elle n'a même pas pu prévoir des réserves d'eau : « Non, je n'ai pas d'argent, je bois l'eau du tuyau ».
Le cyclone Chido a fait au moins 39 morts : les deux femmes, qui s'étaient réfugiées dans un collège, sont venues voir s'il sera ouvert cette fois-ci. Pour toute réponse, elles croisent le principal qui quitte rapidement le lieu. Lui non plus n'a pas d'informations, et tente de s'organiser au plus vite.