Les problèmes à l'île-aux-Bénitiers ne datent pas d'hier. L'ancien député de Savane-Rivière-Noire Ezra Jhuboo avait posé une question au Parlement en 2018 afin de savoir si le gouvernement d'alors avait un plan directeur pour réguler les activités touristiques sur cette île et pour aménager convenablement les infrastructures existantes. «Il n'y a pas de facilités de toilettes, les déchets ne sont pas collectés», avait fait savoir l'ancien député.
Après que des photos récentes montrant des infrastructures en béton sur l'île ont été publiées, l'ancien parlementaire revient à la charge. Il rappelle qu'en 2018, le ministre de l'Agriculture d'alors, Mahen Jhugroo avait déclaré qu'il n'y a pas de plan directeur pour cette île, mais qu'il y avait un comité technique pour voir comment la développer. «Déjà, il commençait à y avoir des infrastructures mal organisées sur l'île en 2018. J'avais alors tiré la sonnette d'alarme», explique-t-il.
L'ancien député note qu'il y a trois aspects importants dans tout le problème qu'il faut prendre en considération. Il y a le côté légal, le socio-économique et l'environnemental. «Sur le plan légal, cette île tombe sous la responsabilité du ministère de l'Agroalimentaire, mais les activités ne sont pas toutes légales comme la présence des infrastructures et certains services. Sur le plan socio-économique, il y a des plaisanciers qui y font un travail honnête et noble pour nourrir leur famille. Cependant, ces personnes ne connaissent pas l'écotourisme comme à Bali ou à Singapour ni comment cela se fait à l'île-aux-Cocos où nos amis rodriguais ont su marier le tourisme à la protection de l'environnement. Et le dernier aspect est l'environnemental», maintient-il.
Ezra Jhuboo propose donc d'attendre la fin de la saison touristique afin de transformer une partie de l'île de 150 arpents pour offrir des activités touristiques avec des infrastructures adéquates tout en accordant un contrat à ceux qui y opèrent et en leur réclament une somme d'argent. «L'argent servira à acheminer les déchets à la côte et pour entretenir les infrastructures», maintient-il. L'autre partie de l'île, propose l'ancien député, doit être mise sous la responsabilité de la Mauritian Wildlife Foundation par exemple afin d'y introduire des plantes, des animaux et des oiseaux endémiques tandis que son lagon doit être confié à une organisation spécialisée dans la protection marine pour le transformer en un jardin de coraux. «Tout le monde sera gagnant», dit-il.
Percy Yip Tong, travailleur social de Tamarin et militant pour la protection de la côte ouest contre l'envahissement du béton, prend également position. «Il faut respecter l'environnement de cette île. Il y a beaucoup de plaisanciers qui ramènent leurs déchets à la côte tandis que d'autres les balancent dans des buissons. Des propriétaires qui viennent y pique-niquer en famille en font de même, mais le plus important, il ne faut pas d'infrastructure en béton sur l'île. Toutefois, il ne faut rien faire pour empêcher ces plaisanciers de nourrir leur famille», précise-t-il. Pour lui, il faut un plan pour la protection de l'environnement et pour permettre aux plaisanciers de travailler tout en gardant le côté folklorique.