Mozambique: En pleine crise post-électorale, Maputo croule sous des monceaux d'ordures

Une rue jonchée d'ordures aux abords du marché de Carimbo, dans le quartier de Maxaquene, à Maputo.

En raison d'une interruption de la collecte des ordures ménagères, les rues de la capitale du Mozambique sont jonchées de déchets depuis plusieurs semaines. Imputée par la municipalité à la crise post-électorale survenue après les élections générales du 9 octobre, la situation menace de virer à la crise sanitaire avec l'arrivée de la saison des pluies.

À Maputo, capitale du Mozambique, dans le quartier de Maxaquene, pas très loin de l'aéroport, les rues se sont transformées en décharge à ciel ouvert. Dans la maison où habite Manuel Pedro, une eau tourbe nauséabonde s'infiltre. « Ces ordures sont ici depuis deux ou trois mois, raconte-t-il. Et désormais, elles moisissent à cause des pluies. La ville avait promis de les enlever hier, mais personne n'est venu. Aujourd'hui non plus d'ailleurs. Or, il y a beaucoup de gens, beaucoup d'enfants qui vivent ici : ils risquent d'attraper le paludisme, le choléra, la diarrhée et d'autres maladies. »

Dans son échoppe située devant le marché de Carimbo, dont la plupart des portes restent fermées à cause des amas de déchets qui s'amoncellent devant, Alberto, lui aussi, est inquiet. « Vous voyez là-bas ? Les ordures sont juste devant le marché. Mais on vend de la nourriture ici !, s'agace-t-il avant de poursuivre : cette situation commence à nuire à mon commerce parce que les clients ne savent plus par où entrer. Pourquoi est-ce qu'on nous laisse au milieu de ces amas d'ordures ? »

« L'odeur est pestilentielle, ces ordures vont nous apporter des maladies »

Pour la mairie de Maputo, cette situation résulte de la crise post-électorale qui secoue le Mozambique depuis trois mois. À la suite des élections générales du 9 octobre, des violences ont régulièrement émaillé les manifestations organisées dans la capitale. « Malheureusement, nos principaux prestataires de services ont été vandalisés, si bien que nous avons souffert d'une réduction de nos capacités [de collecte des ordures] durant cette période », a ainsi expliqué le conseiller municipal aux infrastructures, Joao Munguambe, à la presse locale.

Un argument qu'Elisa Albino, elle aussi commerçante au marché de Carimbo, a toutefois bien du mal à accepter. « Ce n'est pas une raison ! Les manifestations n'ont rien à voir là-dedans. On paie la taxe sur les ordures, on paie tout, et on se retrouve dans cette situation !, s'emporte-t-elle. Je n'ai pas de mots et je suis très inquiète : l'odeur est pestilentielle, ces ordures vont nous apporter des maladies. C'est très difficile pour nous. »

En attendant de retrouver ses propres camions-poubelles, Maputo a pu s'en faire prêter une dizaine par la commune de Chimoio, à 600 kilomètres de là, pour ramasser les quelque 1 200 tonnes de déchets produits quotidiennement dans la capitale. « Dans un premier temps, ces camions vont rester trois mois à Maputo. Puis, si la ville en fait la demande, ils y demeureront, les coûts des chauffeurs et de la manutention étant pris en charge par la municipalité », affirme Joao Ferreira, le président du conseil municipal de Chimoio.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 110 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.