En quantités excessives, le plomb peut contaminer les sources d'alimentation, nuire à la biodiversité et provoquer de graves troubles neurologiques chez l'homme, en particulier chez les enfants.
Dans toute l'Afrique, le spectre de l'intoxication par le plomb continue de représenter une grave menace pour l'environnement et la santé publique. Malgré les réglementations strictes des conventions de Bâle et de Bamako visant à contrôler les déchets contenant des composés de plomb, la réalité sur le terrain brosse un tableau différent. Angélique Umutesi Muhavani Le plomb est un métal naturel utilisé pour fabriquer divers produits, notamment des peintures, des munitions, des épices, certains produits cosmétiques, des bijoux, des jouets, des batteries d'accumulateurs au plomb, de l'essence, des tuyaux de plomberie, des céramiques, etc.
Bien qu'il soit présent dans l'environnement, le plomb peut devenir un grave danger lorsqu'il est présent en quantités excessives. Le plomb présent dans le sol peut contaminer les sources de nourriture et avoir un impact négatif sur la biodiversité. Il peut également provoquer de graves troubles neurologiques chez l'homme, en particulier chez les enfants.
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), les sites de terre ou de sol présentant des concentrations élevées de plomb sont les plus répandus parmi les oligo-éléments.
En Afrique subsaharienne, plus de 55 millions d'enfants ont une plombémie supérieure à 10 microgrammes par décilitre (µg/dL), soit deux fois le seuil jugé dangereux par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
De nombreux enfants sont exposés par contact direct, par le lait maternel et même en tant que foetus en développement lorsque les mères enceintes entrent en contact avec le plomb.
L'une des sources les plus alarmantes de saturnisme provient des déchets électroniques mal gérés et des batteries plomb-acide usagées (ULAB). Les pratiques de recyclage informelles libèrent des particules de plomb dans l'environnement, mettant en danger d'innombrables communautés.
La demande mondiale de batteries plomb-acide entraîne des opérations de recyclage informelles, souvent sans les garanties nécessaires. Selon l'International Lead Association, ces batteries fournissent 70 % de l'énergie stockée par les batteries rechargeables dans le monde entier, ce qui en fait une ressource essentielle, mais aussi une source de pollution majeure. Lorsqu'elles sont recyclées sous le plomb dans des conditions dangereuses, les niveaux de pollution montent en flèche, ce qui a un impact à la fois sur l'environnement et sur la santé humaine.
Lors de la Semaine internationale de prévention de l'intoxication par le plomb organisée par l'OMS en octobre 2024, les partenaires et les parties prenantes se sont réunis pour partager leurs réussites et réaffirmer leur engagement en faveur d'une action urgente contre le plomb.
À travers l'Afrique, les nombreux cas illustrent l'ampleur du problème : l'exploitation minière du plomb au Nigéria, la transformation de l'ULAB au Sénégal et les déchets toxiques dans la région de Kabwe en Zambie.
À Mombasa, ville côtière du Kenya, les habitants du quartier d'Owino Uhuru portent encore les stigmates de la pollution causée par une fonderie de batteries au plomb. Pour ces communautés, le droit à un environnement propre dépend de politiques efficaces de gestion des déchets dangereux.
Au niveau législatif, la résolution 3/9 de l'ANUE vise à éliminer l'exposition à la peinture au plomb et à améliorer la gestion des batteries de déchets. Le manuel d'orientation 2022 du PNUE aide les décideurs politiques en leur fournissant des cadres d'action. Toutefois, pour que ces initiatives soient efficaces, il est essentiel d'investir davantage dans les infrastructures nécessaires, les campagnes de sensibilisation et l'application des lois.
Le voyage vers un avenir plus sûr ne se limite pas à des changements de politique et à des investissements. Il exige un engagement à protéger les personnes les plus vulnérables.
En envisageant la création d'un avenir sans plomb, nous sommes obligés de penser à « l'avenir » non pas comme à un moment lointain et abstrait, mais comme à un avenir qui se construit à chaque instant.
Cette prise de conscience nous incite à faire mieux pour préserver l'environnement et la santé publique, pour nous-mêmes et pour les générations futures.
Mme Angélique Umutesi Muhavani et M. Alexander Mangwiro sont des fonctionnaires du sous-programme d'action sur les produits chimiques et la pollution du bureau régional du PNUE pour l'Afrique.