Cameroun: Des avocats jugent «fantaisistes» les accusations contre leur consoeur Alice Nkom, convoquée par la gendarmerie

Au Cameroun, deux avocats ont cosigné une lettre adressée au commissaire du gouvernement du tribunal militaire de Yaoundé. Lettre dans laquelle ils dénoncent la convocation de leur consoeur, Alice Nkom, défenseure des droits humains. Ils affirment avoir eux aussi participé à une réunion, organisée il y a cinq ans en Allemagne, pour laquelle cette figure de la société civile est mise en cause. « Si le commissaire du gouvernement veut auditionner Me Alice Nkom et qu'il veut être cohérent dans ses actions, il devrait alors nous auditionner ensemble avec elle », affirme Maître Kah Walla.

Au Cameroun, la présidente du Conseil d'administration du Réseau des défenseurs des droits humains d'Afrique centrale (Redhac), maître Alice Nkom, figure de la société civile, connue aussi pour son combat pour les droits des personnes LGBT, est convoquée ce 14 janvier 2025 au service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale à Yaoundé. Elle est visée par une dénonciation de l'ONG Observatoire du développement sociétal (ODS) pour « atteinte à sûreté de l'État » et « financement du terrorisme ». En cause, un forum sur la paix et la transition organisée à laquelle elle a participé il y a cinq ans à Munich. Un forum organisé par une organisation de la diaspora camerounaise.

Un événement auquel avaient également pris part à l'époque aussi deux autres avocats : maître Kah Walla et maître Emmanuel Simh, tous deux engagés politiquement dans l'opposition au Cameroun. Ces derniers cosignent une lettre adressée au commissaire du gouvernement du tribunal militaire de Yaoundé. Ils y dénoncent des accusations « graves et fantaisistes » contre maître Alice Nkom et demandent à être eux aussi convoqués.

« Cette plainte est un instrument d'intimidation »

« À cette conférence, nous étions trois personnes ressources invitées, affirme maître Kah Walla au micro d'Amélie Tulet. Me Emmanuel Simh, moi-même, et Me Alice Nkom. Et nous estimons que cette plainte qui a été déposée par une ONG, dont personne ne connaît ni l'activité ni le siège, est en fait un instrument d'intimidation. Il semblerait que le régime Biya a décidé de déclencher sa machine d'intimidation très tôt dans cette année électorale où nous nous situons [la présidentielle est prévue en octobre 2025, NDLR]. Si le commissaire du gouvernement veut auditionner Me Alice Nkom et qu'il veut être cohérent dans ses actions, il devrait alors nous auditionner ensemble avec elle ».

Elle conclut : « 2025, c'est une année où nous n'allons pas permettre ni violence, ni intimidation de la part de notre gouvernement dont la responsabilité c'est de garantir les droits des Camerounais ».

Le 9 janvier 2025, l'ONG Amnesty avait par ailleurs interpellé les autorités camerounaises sur la situation des organisations de la société civile et plus particulièrement sur celle d'Alice Nkom, convoquée à plusieurs reprises par la préfecture et la gendarmerie. Fabien Offner, chercheur au bureau régional d'Amnesty, évoquait un « harcèlement judiciaire ».

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