Madagascar: Réchauffement critique

L'année commence sur les chapeaux de roues. C'est le moins que l'on puisse dire tant sur le plan politique qu'au niveau du climat.

Après les élections communales et les accusations réciproques de fraudes, les états-majors politiques se mobilisent. L'opposition durcit le ton après la publication des résultats provisoires des communales par la Ceni, qu'elle conteste. La majorité retrousse la manche et bombe le torse. Les propos deviennent durs de part et d'autre, réveillant des souvenirs des crises de 1972, de 1991, de 2002, de 2009 où des mots plus hauts que d'autres ont fini par emporter le président en exercice, soufflé par une manifestation populaire et trompé par son outrecuidance.

Pour le moment, il s'agit d'une guerre de communication et de déclarations d'intransigeance. Mais on sent qu'il y a une tension lourde et pesante à travers les échanges.

À côté, les vrais problèmes semblent oubliés, en l'occurrence le délestage de plus en plus tenace, la pénurie d'eau qui l'est autant, le prix du riz et des PPN qui montent en flèche, la pauvreté qui se creuse d'un jour à l'autre, l'insécurité qui reste préoccupante. Des solutions à moyen et long terme ont été annoncées, mais la situation est telle qu'un jour supplémentaire d'attente ressemble à un calvaire insupportable pour la population, à genoux.

Ce ne sont pas les résultats des communales qui vont résoudre ces problèmes. Que ce soit clair. Les soucis resteront entiers, quel que soit le maire élu à Antananarivo ou ailleurs. Il ne faut pas se faire d'illusion. Un maire, fût-il celui de la capitale, n'a pas les prérogatives du président de la République pour tenir un miracle. La tâche se complique d'ailleurs pour les maires issus de l'opposition.

La nature ne facilite pas la tâche des dirigeants. La sécheresse amplifie le problème d'eau et hypothèque la production de riz et des autres produits. On misait beaucoup sur le cyclone Dikeledi pour apporter la précipitation nécessaire pour remettre à flot les fleuves et les lacs. Que nenni !

Il n'a fait que pourlécher le Nord en apportant de la pluie avec la plus grande parcimonie du monde. L'espoir de voir la situation s'améliorer s'amenuise, car la sécheresse semble être un phénomène mondial. C'est le cas à Los Angeles où la canicule et la sécheresse ont favorisé les incendies irrépressibles. À Maurice, La Réunion, Comores et les Seychelles, on éprouve également des problèmes d'eau et une sécheresse inquiétante.

Le mieux, c'est donc de se pencher sur les problèmes qui tenaillent la population, au lieu de multiplier les provocations dans les propos. Il suffirait d'une petite étincelle pour que tout s'embrase. Il suffit de passer un coup d'œil sur l'épaule pour se remémorer des enseignements de l'histoire. Et tel un métronome, elle reste un éternel recommencement.

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