Cameroun: La psychose des éléphants gagne plusieurs villages de l'extrême nord du pays

Accusés d'avoir tué plus de 10 personnes en 15 ans et de faire des ravages dans de nombreux champs et villages de l'arrondissement de Kalfou, les pachydermes provoquent la colère de la population qui a manifesté son ras-le-bol en érigeant des barricades sur la route nationale 12, lundi 6 janvier. Pour calmer le jeu, les autorités ont autorisé l'abattage de quelques spécimens.

Au Cameroun, des images de villageois en train de poser triomphants devant le corps inerte d'un éléphant ont circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux.

Pour les habitants des localités de Goulmoun, Hamdallao ou encore Gobio, dans la région de l'Extrême-Nord, il s'agit, en effet, d'une première victoire. « Nous sommes en insécurité avec la présence de ces éléphants, explique Oumarou Tamboutou, l'adjoint au maire de Kalfou. On dit que ce sont des animaux protégés, mais quand ils détruisent les champs et tuent des gens, il n'y a pas un texte concernant l'indemnisation des victimes. C'est pour cette raison que certaines personnes ont construit des barricades sur la route » la semaine dernière, poursuit l'édile.

À la suite de ce mouvement d'humeur, le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakary, a décidé d'autoriser « la battue administrative d'un éléphant solitaire qui détruit les cultures et les biens », affirme celui-ci dans un communiqué publié par ses services.

«J'ai pris sur moi le risque d'en faire éliminer un »

Si l'objectif était de faire retomber les tensions, la décision n'a toutefois pas été facile à prendre, les éléphants étant déjà régulièrement la cible des braconniers pour leur ivoire. «J'ai pris sur moi le risque d'en faire éliminer un - celui qui ôte la vie des gens et qui détruit les plantations - car il s'agit d'une espèce hautement protégée, justifie ainsi Midjiyawa Bakary. Mais avec le braconnage, avec l'explosion démographique et avec la coupe des arbres pour produire du bois de chauffe et du charbon, l'animal s'est retrouvé en danger dans son propre biotope. C'est de cela qu'il s'agit ! », déplore-t-il.

Reste que la grande battue de ces derniers jours pourrait avoir un impact important sur les éléphants, selon plusieurs experts qui préconisent trois grandes mesures pour éviter que des drames ne se reproduisent : libérer les couloirs de passage pour les pachydermes d'une part, leur rendre leur habitat naturel quand il a été investi par l'homme de l'autre, et reboiser avec des arbres comestibles la réserve forestière de Kalfou où près de 600 d'entre eux ont été recensés.

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