A l'image de l'opération « mani pulite » ou « mains propres » qui avait permis, au détour de la décennie 1990, à la justice italienne de détricoter le vaste système de corruption et de passe-droits qui gangrenait la classe politique et économique du pays, l'opération « casiers vides » lancée par le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouaga I annonce les couleurs.
Dans la dynamique de dépoussiérer les tiroirs de la justice burkinabè, cette opération vise à aboutir enfin à la République vertueuse et résolument engagée sur les chantiers du développement que les uns et les autres appellent de tous leurs voeux.
C'est un secret de polichinelle de dire que la justice est un pilier fondamental de l'Etat de droit et de la construction durable d'une société de paix. Ce que le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, avait opportunément rappelé dans sa Déclaration de politique générale devant la Représentation nationale, en décembre 2024.
Pour ce faire, la lutte contre la corruption apparaît comme une tâche dirimante comme l'avait souligné le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, dans une interview le 26 avril 2024, à Bobo-Dioulasso. Convaincu qu'il s'agit d'un « fléau qui a gangrené notre société depuis des décennies avec plusieurs milliers de noeuds », le capitaine Traoré a marqué sa volonté de le combattre avec la dernière énergie.
Les procès passés et les feuilletons judiciaires qui s'annoncent illustrent si besoin en était encore, que cette assertion du président du Faso se concrétise. Cela a aussi le mérite d'enlever au pouvoir judiciaire, cette mauvaise image d'une « justice à deux vitesses » qu'elle traine auprès d'une partie de l'opinion qui estime que ce sont les menus fretins qui sont ses trophées de guerre.
Pour que les procès à venir aient un aspect thérapeutique et préventif, ils doivent permettre à termes, de révolutionner la gestion de la chose publique avec pour maîtres-mots, l'intégrité, l'efficacité et l'efficience dans le travail au service du peuple.
Si la Révolution est un bouleversement quantitatif et qualitatif des statistiques, elle implique aussi et surtout un bouleversement des moeurs politiques et sociales. Avec ces dossiers judiciaires qui s'enclenchent, nous entrons dans le vif du sujet, s'agissant de cette refondation tant attendue.
En attendant, chaque Burkinabè doit donner l'exemple, afin de contribuer à faire de la gestion vertueuse, la boussole de la responsabilité.