Ile Maurice: Musée d'arts vivants

En réponse à l'éditorial paru hier, dans l'express-dimanche, sous le titre «Quand l'ailleurs devient ici», portant sur la nécessité d'un centre culturel mauricien, j'aimerais apporter mon humble perspective au débat. J'avais proposé dans les années '90 de créer un musée d'arts vivants. C'était lors de la démolition de l'ancienne prison centrale - un des très vieux bâtiments de Port-Louis -, le plus grand projet de construction de l'histoire coloniale de Maurice.

Dès les années 70, il y a eu, en concurrence avec les mouvements passéistes et sectaires, un désir de mauricianisme fort. Le musée d'arts vivants était un projet pour une plateforme d'expression populaire (pour les arts plastiques, danse et musique, y compris des archives sonores, tant pour le langage oral qu'écrit, pour le culinaire, l'artisanat, les technologies, le textile et les costumes, pour notre flore et notre faune, pour l'agriculture et la marine...). Un musée nourri par notre passé, nos fondements historiques humains et matériels, une source d'infos sur nos terres et nos mers, nos héritages culturels venus d'ailleurs, mais créativement tourné vers l'avenir planétaire. Un projet pour rayonner de façon ouverte sur le monde, à partir de notre insularité.

J'avais un attachement particulier pour ce bâtiment, que j'avais occasionnellement fréquenté enfant. Mon père qui était fonctionnaire y avait son bureau, au deuxième étage. Je ne soupçonnais pas alors l'ancienne vocation carcérale du lieu, que les bourreaux y dressaient leur potence pour accomplir leur tâche sordide. Une volonté politique absente, malgré le militantisme d'un petit groupe de passionnés d'histoire mauricienne, a fait que ce projet n'a pas vu le jour.

Il ne reste à présent de ce bâtiment historique qu'une petite aile symbolique. Pour créer des lieux de culture mauricienne vivants et porteurs pour notre peuple, il faudrait convertir chacun des nombreux centres culturels ancestraux en musée d'arts vivants mauriciens. Il s'agirait de dépasser à la fois les éléments douloureux ou sublimes de notre passé commun, en les intégrant selon une démarche de réconciliation avec nos vécus, pour être pleinement dans l'ici et le maintenant. Nous pourrions ainsi adopter une autre manière d'afficher, sans jugement de valeur, la vérité de qui nous sommes et de qui nous pourrions être.

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