Afrique: Doula Harouna - « Je pense qu'après une demi-finale, on est en droit de rêver du graal »

interview

Sélectionneur de l'équipe du Niger, Doula Harouna rêve de remporter le CHAN CAF TotalEnergies 2024 prévu du 1er au 28 février 2025 au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda.

Le technicien nigérien qui avait déjà conduit son équipe en demi-finale lors de la précédente édition en Algérie est donc déterminé à franchir un cap supplémentaire alors que son pays s'apprête à honorer sa cinquième participation à ce tournoi.

Dans une interview accordée à CAFOnline, il parle entre autres de sa préparation, de son effectif mais revient aussi sur la qualification face au Togo.

Bonjour coach, Merci d'accorder cet entretien à CAFOnline

Bonjour

Comment se passe votre préparation pour le CHAN qui arrive dans quelques jours ?

On est en préparation, mais on n'a pas bénéficié du temps comme pour les autres éditions. Je pourrais dire que sur les deux précédentes éditions, on a préparé le CHAN pratiquement toute l'année. Nous, on avait une idée de notre groupe et on a trouvé le mécanisme de le faire travailler le long de l'année, ce qui n'a pas été fait cette année.

N'empêche, on nourrit de très grandes ambitions à travers cette équipe. Je pense qu'on a sensiblement rajeuni. C'est une équipe d'avenir, de mon point de vue, qu'on est en train de tenter de mettre en place avec beaucoup de jeunes, beaucoup de nouveaux joueurs qui constituent ce groupe. Je pense qu'ils pourront déjà, dès cette première campagne, se montrer à la hauteur de la tâche et des attentes de l'ensemble des Nigériens et aussi avoir la possibilité de continuer plus longtemps si éventuellement ils ne rebondissent pas dans d'autres clubs africains ou même en Europe.

Je pense que le groupe est assez jeune, tous sont ambitieux, tous espèrent pouvoir évoluer à l'issue de ce CHAN dans d'autres clubs, dans de grands clubs africains. Je pense qu'ils ont une opportunité à saisir par rapport à cette campagne. Je leur souhaite que du bonheur, vraiment de se donner à fond, de rester focus sur l'objectif qui est de réaliser une très belle performance et d'être assez présent dans cette compétition pour espérer atterrir ailleurs, si Dieu le permet.

Revenons sur votre qualification face au Togo, il faut dire qu'elle n'a pas été facile. Avec un peu de recul, estimez-vous avoir eu un peu de chance au cours de cette double confrontation ?

A l'issue des deux matchs, à bien les regarder, je peux dire sans me tromper que notre qualification est bien méritée. Oui, nous n'avons pas été capables sur les deux confrontations de remporter une des rencontres, mais je pense que sur le match aller déjà, on pouvait s'offrir tout simplement notre qualification. On s'est créé assez d'occasions dans cette rencontre pour aller faire des buts. On a eu des occasions nettes. C'est vrai, l'adversaire aussi en a eues, mais je pense qu'on a eu des occasions les plus nettes. Déjà sur le match aller, c'est ce qui nous a réconfortés.

Oui, on revient au score sur une balle arrêtée, sur un coup franc, mais je peux affirmer qu'on a mérité cette qualification au détriment du Togo. Sur le match retour aussi, c'était pareil, parce qu'on a tapé trois fois quand même le montant de l'équipe adverse, sur des occasions qui pouvaient faire but. Bon, il faut dire qu'il n'y avait pas à gagner dans les matchs, mais sur l'ensemble des matchs, notre but marqué à l'extérieur nous qualifie et il faut s'en féliciter. Je pense que c'est bien mérité.

Quel discours avez-vous tenu pour galvaniser les joueurs ?

D'abord, c'est de croire en leur capacité, de l'exprimer sur le terrain. Je pense qu'ils l'ont bien fait. Ils étaient présents, mentalement, physiquement. Même au niveau de la qualité, par moments, on a trouvé une équipe assez joueuse. Oui, maladroits devant les buts, mais joueurs pratiquement dans la construction, dans l'élaboration. Par moments, pas de façon continue, et surtout présent physiquement pour contenir, aller lutter, discuter pratiquement tous les ballons avec l'adversaire. Je pense que là, il faut féliciter ces jeunes par rapport à leur envie de jouer, par rapport à leur enthousiasme dans le jeu. Je pense que c'est ça qui nous a facilité cette qualification.

Le Niger a terminé quatrième à la dernière édition du CHAN, avec vous déjà comme sélectionneur. Cette fois-ci, on imagine des objectifs plus élevés ?

Forcément, forcément, au vu de l'attente de tout le peuple nigérien. Je pense qu'après une demi-finale, ils sont en droit de rêver de voir notre équipe aller chercher le Graal.

Ça ne va pas être facile, ça va être assez compliqué. Ce qui m'inquiète, c'est un peu le temps de préparation qu'on a eu avec cette équipe. Par le passé, je pense qu'on s'est mieux organisé pour très bien préparer cette campagne, les campagnes passées, celle déjà du Cameroun et même celui d'Algérie.

Coach, qu'est-ce qui fera selon vous la différence entre le CHAN passé et celui de cette année ?

Bon, ça restera le même parce que chaque groupe va évoluer dans un des pays. Je n'ai pas encore vu le calendrier du déroulement de la compétition, mais je pense que chaque équipe va évoluer sur les mêmes infrastructures. Peut-être la troisième journée, je ne sais pas comment ça va être réglé, parce que les matchs devront se jouer sensiblement aux mêmes heures.

Pensez-vous avoir l'effectif dont vous avez rêvé pour cette compétition ?

Effectif de rêve, je pense que c'est trop dire, mais on a notre effectif qu'on peut avoir. Je pense qu'on a fouillé de fond en comble pour monter cette équipe. Ce groupe est en train d'évoluer parce qu'il y a eu des réaménagements entre le groupe qui nous a qualifiés et certainement le groupe qui participera à cette phase finale de la compétition.

Il y a des nouveaux joueurs qui sont ajoutés, on a lâché certains qui ont été dans la qualification et dont on a jugé le niveau de jeu pas assez optimal pour être compétitif...On a fait appel à d'autres qui n'ont pas eu la chance de participer déjà à cette phase de qualification.

Et ceci aussi, c'est comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est parce qu'on n'a pas suffisamment de temps pour préparer cette équipe dans les délais assez optimaux, pour avoir le temps de se fixer sur le groupe. Là, on a quelques hésitations à certains postes, mais je pense qu'on a une équipe de base. Maintenant, il faudrait avoir, comme c'est un tournoi, deux équipes et de même niveau de manière à pouvoir pallier l'équipe qu'on pourrait qualifier de titulaire, le groupe des titulaires.

Je pense qu'il faut leur trouver des partenaires ou des remplaçants assez convenables pour pouvoir tenir la compétition. C'est un peu à la recherche de ça que nous sommes. Comme je l'ai dit, notre groupe est relativement jeune, on l'a vu progresser au fur et à mesure des matchs de préparation, au fur et à mesure de cette préparation.

On espère que d'ici le jour J, on peut atteindre un niveau optimal pour pouvoir participer sans problème à cette compétition.

Que représente une compétition comme le CHAN pour vous ?

Comme je l'ai toujours dit, pour moi, c'est la meilleure compétition d'Afrique, parce que véritablement, elle est adressée aux Africains. Ce que je dis, c'est que c'est des joueurs qui évoluent au pays, dans leur pays d'origine, et qui participent à une compétition organisée pour les nationaux...Nous sommes dans la réalité du football nigérien, c'est en cela que j'estime que c'est la meilleure compétition. Il faut peut-être revoir la formule, la formule de qualification, la formule même des phases finales. Je pense que c'est en train d'évoluer, on est parti de 8 équipes, aujourd'hui on est en train d'aller vers 24 équipes, comme la CAN. Donc, ce CHAN aussi, il faut le voir évoluer.

La CAF a annoncé, il y a quelques jours, une augmentation considérable de la dotation financière liée au CHAN. Cela constitue-t-il une motivation supplémentaire pour vous ?

L'argent, oui, c'est une motivation, une bonne nouvelle pour les fédérations qui dépensent des sommes ou pour les états qui dépensent des sommes assez colossales pour préparer ces équipes. Ça va les soulager un peu, ça ne va pas tout supporter, mais ça va permettre de fermer quelques brèches, je veux dire, dans le domaine financier. Et je pense que c'est une bonne chose aussi, c'est une bonne chose.

Ça valorise la compétition, ça va donner plus de visibilité à la compétition parce que les journalistes vont en parler, la presse va s'intéresser de plus en plus au CHAN. Déjà en Algérie, moi, je pense qu'il y a eu assez de communication autour du CHAN. Il y a eu beaucoup d'enthousiasme parce que les stades étaient pleins et ici, à cette édition aussi, les stades vont se remplir comme en Algérie. Il faut dire bravo, bravo au CHAN et bravo aux initiateurs. Je félicite le Docteur Motsepe qui a eu vraiment l'idée de cette revalorisation.

Pour finir, quel message adressez-vous au public nigérien ?

C'est de croire, parce que parfois, par moment, oui, on a un public assez passionné, mais on a un public aussi intolérant et connaisseur.

Moi, je pense que chacun doit se situer dans la limite de ses responsabilités. La responsabilité d'un supporter, c'est d'accompagner son équipe. Ce n'est pas de rentrer dans des critiques, dans des appréciations qui outrepassent leurs compétences.

Aujourd'hui, tout supporter nigérien a son joueur et il aimerait le voir à l'équipe nationale. Je pense qu'il y a des critères qui permettent de dire que tel joueur a le niveau de l'équipe nationale. Même si par ailleurs, on ne les a pas annoncés au public, je pense qu'en tant que technicien, en tant que détecteur, on a des critères, des indices, des profils de joueurs qui nous disent que lui, il a le niveau, il a le bagage pour faire partie de l'équipe nationale.

Ce n'est pas forcément parce qu'il est régulier dans son club, mais c'est normal qu'il soit régulier dans son club si le club n'a pas un autre joueur que lui. La régularité n'est pas forcément synonyme de sélection ou de présélection. C'est la qualité du joueur d'abord, c'est la valeur du joueur qui fait qu'on l'amène ou on ne l'amène pas à l'équipe nationale, de mon point de vue.

Je pense que nous respectons assez ces critères. Oui, nous prenons en compte le fait que le joueur joue régulièrement avec son club, il est titulaire dans les matchs de championnat. Ce sont des critères dont il faut tenir compte, mais ce ne sont pas forcément les critères qu'il faut pour le joueur de l'équipe nationale.

Merci coach

Merci beaucoup. Merci à vous.

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