Sébastien Ngato a qualifié la République centrafricaine pour le premier Championnat d'Afrique des Nations CAF TotalEnergies de son histoire en éliminant le Cameroun lors du dernier tour des qualifications.
Le technicien centrafricain qui avait déjà permis à la sélection des U20 de son pays de participer aux deux récentes CAN de leur catégorie ne se présente pas à cette compétition sans ambitions. Pour lui, il faut déjà franchir le premier tour et batailler pour la suite.
Dans un entretien avec CAFOnline, il revient sur la qualification épique face au Cameroun et évoque ses objectifs.
Sébastien Ngato, bonjour.
Bonjour.
Quel est le sentiment qui vous anime après avoir qualifié la RCA pour son premier CHAN ?
C'est un sentiment de joie pour le football centrafricain et pour tout le public dont nous faisons partie.
C'est un sentiment de joie pour tout le monde.
Vous avez offert cette première qualification historique à la Centrafrique après avoir perdu au match aller à Abidjan, un but à zéro. Tout le monde pensait que c'était déjà plié. Comment vous avez fait pour remobiliser, pour remotiver vos troupes ?
Comme je l'ai dit aux poulains, si on gagnait ce match au Stade Alassane Ouattara, on ne devait pas être qualifié. Par rapport au match, j'ai fait une analyse, j'ai fait une modification au niveau de l'équipe et voilà ce qui a donné la victoire au peuple centrafricain. Donc là, je suis fier par rapport à ce que j'ai fait avec mon staff et on va continuer le travail.
Pouvez-vous revenir sur ce match face au Cameroun qui restera historique pour votre pays, cette victoire à Bafoussam, en terre camerounaise ?
Ce n'est pas la première fois. En 2021, lorsque j'étais à la tête du groupe des U20, j'avais fait la même chose en obtenant la qualification à l'extérieur, en Guinée Equatoriale, lors du tournoi de l'UNIFFAC.
Et la même chose s'est rééditée en 2023 avec ce même groupe-là pour être qualifié en Égypte. Donc dans ce groupe, j'ai les éléments avec lesquels je travaille depuis 2, 3, 4, 5 ans. Donc ils sont habitués, nous sommes habitués avec eux et un travail de groupe s'est fait.
Ils comprennent votre langage ?
Oui, rapidement, ils ont compris. Avec cette motivation, ça fait qu'on a pris le dessus. Donc je suis fier par rapport à mon groupe. On va continuer de travailler, pourquoi pas, mettre ce groupe-là au top niveau.
Beaucoup disent que vous avez une force en vous, quelque chose de naturel, C'est cela qui vous a permis d'aller battre cette équipe dangereuse du Cameroun ?
C'est d'abord la discipline. Avec un groupe que tu as sous la main depuis 2, 3 ans, ils comprennent le message, comment tu le fais et comment tu dois faire avec eux. Donc c'est la discipline d'abord et le travail après pour avoir un résultat.
Coach, à partir de quel moment vous avez senti que vous pouviez vous qualifier ?
Avant la conférence de presse, je l'ai dit. D'abord, en réunion avec mes poulains, j'ai fait savoir au capitaine que c'est un patrimoine qui m'a été légué par les prédécesseurs et il était question qu'on ramène ce patrimoine-là au pays avec un résultat.
Moi, c'est venu comme ça. J'étais sûr de moi-même par rapport à ce que j'ai dit. Perdre le match 1-0 et ne pas être paniqué pour le second match, la motivation a fait qu'on a pris le dessus. C'est un travail de longue haleine. On se connaît dans ce milieu.
Racontez-nous un peu sur l'ambiance quand vous quittiez Bafoussam et tout ce que vous avez vécu ?
L'ambiance au retour, c'était fantastique. Même quand nous sommes arrivés vers 18h, il faisait déjà nuit, mais c'était la foule en liesse qui nous attendait à l'aéroport. Je suis très content parce qu'on a amené un groupe ailleurs et les gens ne pensaient pas qu'on devait arriver à ce niveau. Le bond s'est fait et nous sommes qualifiés pour la première fois au CHAN.
Et l'accueil ou la réception ?
La réception, c'est une première fois. Il y aura une deuxième fois parce que le président de la République a souhaité de meilleurs voeux à tous les Centrafricains, à travers ce que nous avons fait. Il a essayé d'encourager le groupe. Déjà, par rapport à ce mot de bonne année au peuple centrafricain, à travers la qualification, le président s'est mis dedans et il va nous soutenir comme ça jusqu'au bout.
Et maintenant que la qualification est en proche, c'est quoi les objectifs de la RCA pour cette première participation au CHAN ?
La qualification est là, c'est vrai mais la fête est terminée, il faut reprendre les choses en main. L'objectif, c'est de passer la phase de groupes. Il faut sortir du groupe pour voir ce que ça va donner en quart de finale, en demi-finale et autres. Notre objectif, c'est déjà de bien négocier les matches de la phase de groupe. Parce qu'il ne faut pas gagner seulement un seul match et puis s'arrêter en cours de chemin, ça ce n'est pas notre objectif. Notre objectif c'est d'aller plus loin dans cette compétition.
Coach, après votre qualification, vous avez reçu une moto qui a fait jaser, qui a fait parler. Beaucoup aimeraient savoir comment vous avez accueilli ce « cadeau » du Ministre de la Jeunesse centrafricain ?
Je dis tout simplement que c'est un encouragement. D'abord, avant cela, je suis chef de département au niveau du sport. Là, la moto est venue au moment où tous les chefs de service, les directeurs de ce service au ministère de la Jeunesse devaient être dotés, chacun d'une moto. Donc, c'est venu au moment où cette qualification a pu se faire.
Moi, j'étais hors du pays et la moto m'a été remise. Donc j'attends de la part du gouvernement ou de la fédération le même geste pour que les centrafricains sachent exactement qu'après une qualification, c'est ce qui s'est fait. Je remercie aussi le ministre de la Jeunesse et du Sport à travers la fédération qui m'a offert cette moto. Ce n'est pas une première fois, ce n'est pas la dernière fois. Je pense que ça doit continuer comme ça dans ce sens.
Selon votre regard, qu'est-ce qu'il faut faire aujourd'hui pour développer le football centrafricain, au moment où votre qualification pour le CHAN apparait comme la preuve que vous avez un bon championnat ?
C'est un travail de suivi. C'est la politique de la fédération, donc il est question de mettre la base. La base d'abord, c'est le football de proximité et ce que nous sommes en train de voir. Donc il faut appuyer ça, il faut soutenir ce football de proximité à travers les U12, les U13. D'ici 2, 3, 4, 5 ans, on aura une équipe de compétition qui va représenter valablement la Centrafrique à des compétitions de haut niveau.
Un dernier message au peuple centrafricain ?
Le peuple centrafricain est avec nous, tout le monde, tous les centrafricains qui aiment le football, ils sont avec nous, on va continuer de travailler avec leur soutien moral et on va toujours aller de l'avant pour que d'ici demain, dans la sous-région, même à l'extérieur, que les gens parlent de ce football centrafricain qui est en émergence avec le mot fort du président Fini Kodé, Fini Légué (Celestin Yanindji, patron de la fédération centrafricaine de football, NDLR)qui est toujours derrière nous pour nous encourager, afin d'aller de l'avant.
Coach, merci !
C'est moi qui vous remercie.