Un remaniement a été effectué au sein du gouvernement du Congo-Brazzaville et a été acté par un décret en date du 10 janvier. Parmi les changements, figure la nomination d'un nouveau ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public : Christian Yoka est le troisième ministre à ce poste en quatre ans.
Le choix s'est donc porté sur Christian Yoka, diplômé de la Sorbonne et de la Boston University. Il a travaillé plus de 20 ans au sein de l'Agence française de développement, dont il était le directeur Afrique depuis 2021. Un profil particulier choisi dans un contexte économique tendu au Congo-Brazzaville.
Avec notamment une dette publique qui a atteint les 100% du PIB en 2023, de gros chantiers attendent le nouveau ministre des Finances, souligne Alphonse Ndongo, journaliste congolais, spécialiste des questions économiques :
« Oui, il y a d'énormes chantiers, il faut le reconnaître. Aujourd'hui, on est très endetté. On est dans une espèce d'assèchement financier et les défis sont énormes, tant au niveau du recouvrement des recettes fiscales, douanières et aussi quant aux performances de notre Trésor public. Donc, il s'agit, pour le nouveau ministre des Finances, de mettre de l'ordre dans les régies financières, afin que la mobilisation des recettes soit de mise et que le Congo puisse donc répondre au service des différentes dettes. Il faut donc aussi, sur le plan international, soigner la qualité de la signature du Congo, car on a eu des défauts de paiement envers les créanciers. »
Pour Cédric Mbeng, spécialiste des marchés financiers et de l'Afrique centrale, le choix de Christian Yoka est révélateur des intentions des autorités congolaises :
« Ce profil indique clairement que le Congo se prépare pour les négociations avec les partenaires techniques et financiers. Ce profil est en phase avec les attentes du Congo en ce qui concerne les réformes sur le plan budgétaire, et bien sûr, à la connaissance profonde des mécanismes des partenaires. C'est un atout. Il y a des décisions très fortes qu'il faut prendre, notamment certaines réformes dans la gestion de la dette. Et il est temps d'avoir une personne qui a les compétences techniques et aussi le réseau nécessaire pour faire avancer certaines discussions qui vont avoir lieu cette année. »
Si le profil international et connecté de Christian Yoka suscite des espoirs pour certains observateurs, d'autres, comme Alphonse Ndongo, s'interrogent sur la capacité du technocrate à « se mettre en phase » avec le terrain congolais.