Le Kenya de nouveau pointé du doigt après qu'une célèbre militante tanzanienne, Maria Sarungi Tsehai, a été brièvement kidnappée dimanche à Nairobi, où elle vit en exil depuis quatre ans, par peur de la répression des voix dissidentes dans son pays la Tanzanie. Elle a été libérée quelques heures plus tard, sous pression de plusieurs ONG. Les cas de kidnapping sur le sol kényan d'opposants ou de dissidents étrangers se multiplient. Amnesty international dénonce une tendance inquiétante.
Maria Sarungi Tsehai a été kidnappée par trois hommes armés, à bord d'une Toyota noire. Cela s'est passé en plein jour, dans le quartier de Kilimani dans le centre de Nairobi. Mais, la militante soupçonne une opération des services de sécurité tanzaniens. Ils opèreraient, selon elle, « au-delà de leurs frontières » pour faire taire toute voix dissidente. Le Kenya aurait-il laissé faire ? Amnesty International et l'association des juristes kényans réclame une enquête.
Car le procédé en rappelle d'autres. Notament, celui de l'opposant ougandais Kizza Besigye kidnappé dans un hôtel de Nairobi il y a deux mois, puis transféré de force et en catimini en Ouganda. Il est actuellement jugé devant une cour martiale. Kampala a assuré avoir été aidé par le Kenya pour cette opération. Les avocats de l'opposant dénoncent une « collusion ». Nairobi réfute toute implication.
Les disparitions se multiplient
Ce lundi, le journal Citizen s'interroge pourtant : « Le Kenya serait-il devenu la nouvelle capitale mondiale du kidnapping », peut-on lire dans son édition en ligne. En octobre dernier, selon Amnesty, quatre réfugiés turcs ont également été enlevés à Nairobi avant d'être expulsés en dehors de toute procédure légale d'extradition.
Ce nouveau kidnapping intervient alors que les disparitions se multiplient au Kenya depuis la vague de manifestations de juin dernier. Dimanche, un ministre kényan, Justin Muturi, a dénoncé une vague « d'enlèvements » de jeunes critiques du pouvoir, et révélé que son fils a lui-même été enlevé puis libéré en juin et disparu plusieurs jours, sans explications. Et alors même qu'à l'époque le ministre était membre du Conseil national de sécurité en tant que procureur général.