Peu après les élections, Arvin Boolell, ministre de l'Agro-industrie, avait dénoncé la maltraitance des animaux à Petit-Gamin et ailleurs. Sur sa page Facebook, il avait également annoncé une révision de la politique de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW). Les grandes lignes d'un plan destiné à résoudre le problème des chiens errants, élaborées par Gaëlle Glover et son équipe, ont déjà été soumises au ministère.
Maurice compte environ 300 000 chiens errants. Le document propose une refonte complète de la MSAW pour en faire une organisation structurée à l'international, à l'image de l'ancienne MSPCA, afin de la rendre éligible aux aides d'organisations internationales et d'autres pays.
L'ouverture de branches régionales, dotées d'espaces d'accueil pour les animaux malades, maltraités ou abandonnés, est également préconisée, avec pour objectif de faciliter leur réinsertion. Ces structures offriraient des soins gratuits. Le plan souligne aussi la nécessité de collaborer avec des vétérinaires étrangers. L'Inde, indique le document, dispose d'un vivier de vétérinaires «de brousse» capables de réaliser des interventions sur des animaux sur le terrain, à même le sol.
La stérilisation de masse est un volet central du programme. Les chiens errants adultes et en bonne santé seraient relâchés à leur lieu de capture après la stérilisation. Des feeding stations seraient installées pour permettre aux volontaires et organisations non gouvernementales (ONG) de les nourrir sans causer de pollution. Cependant, le document insiste sur le fait que le principal problème réside dans la capture des chiens, ce qui freine les efforts de contrôle de la population. Le plan recommande de remplacer la capture avec des filets, jugée barbare, par la Dog Catch Unit, capable d'utiliser des fléchettes anesthésiantes.
Changement des lois
Le projet inclut également des mesures strictes pour encadrer l'élevage et l'importation de chiens de race. Les élevages sauvages, où les femelles sont exploitées jusqu'à épuisement avant d'être abandonnées, sont pointés du doigt. Le commerce de chiens de race devrait être soumis à des règles strictes, incluant l'implantation de puces électroniques et la remise d'un carnet de santé validé par la MSAW ou un vétérinaire agréé. Pour l'importation, le document propose une interdiction ou l'instauration de taxes dissuasives.
Les lois actuelles doivent impérativement être revues. Une mesure clé consiste à donner à la MSAW le pouvoir de saisir les animaux maltraités pour les protéger. Les amendes infligées aux propriétaires maltraitants devraient être dissuasives et des peines d'emprisonnement appliquées dans les cas les plus graves. Le plan recommande également d'autoriser des interventions sur des propriétés privées en cas de nécessité.
Concernant la quarantaine, les étrangers s'installant à Maurice et les Mauriciens de retour au pays pourraient entrer avec leurs animaux sans passer par la quarantaine, à condition de respecter les normes sanitaires et de fournir un carnet de vaccination à jour.
En outre, le plan propose une réduction des taxes sur la nourriture pour animaux produite localement et sur les médicaments courants. Par ailleurs, il recommande que les commerçants et supermarchés soient contraints de donner leurs invendus, tels que pâtes, riz et viande, aux refuges et ONG, au lieu de les jeter. Selon le document, la logistique pour ce processus est réalisable.
Et le financement dans tout cela ? La gestion des chiens errants ne relève pas uniquement du ministère de l'Agro-industrie. Les ministères de l'Environnement et du Tourisme devraient également participer au financement de la stérilisation de masse. Le document suggère plusieurs autres sources de financement, notamment des dons internationaux, une taxe supplémentaire à l'entrée pour les touristes et une augmentation du plafond de la détaxe sur les dons des particuliers et des entreprises.