Ce mardi 14 janvier 2024, l'avocate et militante des droits humains Alice Nkom ne s'est pas présentée au service central des recherches judiciaires de la gendarmerie nationale à Yaoundé. Cette convocation faisait suite à une plainte déposée par l'ONG Observatoire du développement sociétal (ODS), l'accusant d'atteinte à la sûreté de l'État et de financement du terrorisme. Une affaire qui suscite de vives réactions et relance le débat sur la liberté d'expression et les droits humains au Cameroun.
Une figure emblématique sous pression
Alice Nkom, présidente du Conseil d'administration du Réseau des défenseurs des droits humains d'Afrique centrale (Redhac), est une figure incontournable de la société civile camerounaise. Reconnue pour son engagement en faveur des droits des personnes LGBT et son combat pour la justice sociale, elle est souvent perçue comme une voix courageuse face aux abus de pouvoir.
Cette convocation intervient dans un contexte tendu, où les défenseurs des droits humains sont régulièrement pris pour cible. Les accusations portées contre elle, notamment celle de financement du terrorisme, sont perçues par ses soutiens comme une tentative d'intimidation visant à réduire au silence une militante gênante pour les autorités.
Les raisons de la convocation
La plainte déposée par l'ODS accuse Alice Nkom d'avoir mené des activités portant atteinte à la sûreté de l'État. Bien que les détails de l'accusation restent flous, cette démarche s'inscrit dans une série de mesures répressives contre les militants et les organisations de la société civile au Cameroun.
Alice Nkom, connue pour son franc-parler, a toujours défendu les causes les plus sensibles, y compris les droits des minorités sexuelles, un sujet tabou dans le pays. Son absence à la convocation soulève des questions sur les motivations réelles derrière cette plainte et sur les pressions exercées sur les défenseurs des droits humains.
Réactions et soutiens
L'absence d'Alice Nkom à la convocation a suscité de nombreuses réactions, tant au Cameroun qu'à l'international. Ses soutiens dénoncent une criminalisation de la défense des droits humains et appellent à la protection des militants face aux intimidations judiciaires.
Plusieurs organisations internationales, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont exprimé leur inquiétude face à cette situation. Elles rappellent que les accusations de terrorisme sont souvent utilisées comme un outil pour museler les voix dissidentes dans de nombreux pays, y compris au Cameroun.
Un contexte politique tendu
Cette affaire s'inscrit dans un contexte politique marqué par des tensions croissantes entre le gouvernement et la société civile. Les défenseurs des droits humains, les journalistes et les opposants politiques sont régulièrement confrontés à des obstacles dans leur travail, allant des convocations judiciaires aux arrestations arbitraires.
Alice Nkom, en tant que symbole de la résistance pacifique, incarne cette lutte pour la justice et la liberté. Son absence à la convocation du 14 janvier 2024 pourrait être interprétée comme un acte de défi face à un système judiciaire souvent critiqué pour son manque d'indépendance.
L'affaire Alice Nkom relance le débat sur les droits humains et la liberté d'expression au Cameroun. Alors que les accusations portées contre elle semblent disproportionnées, ses soutiens continuent de réclamer justice et transparence. Dans un pays où les défenseurs des droits humains sont souvent pris pour cible, cette affaire rappelle l'importance de protéger ceux qui luttent pour un avenir plus juste et équitable.