En RDC, malgré la menace du M23, de plus en plus de déplacés vivant autour de Goma prennent le risque de retourner dans leurs villages pour trouver de quoi manger.
En République démocratique du Congo, depuis le début de l'année, pas un jour ne passe sans que des accrochages ne soient rapportés entre les forces armées congolaises (FARDC) et les rebelles du M23 dans la province du Nord-Kivu.
Cette situation, qui a conduit à une dégradation de la situation humanitaire dans la zone, pousse certains déplacés de guerre vivant dans des sites autour de la ville de Goma à prendre régulièrement le risque de retourner dans leurs villages pour chercher de quoi se nourrir dans leurs champs, confirme Janvier Luanda Mukuba, président du site des déplacés de Mugunga.
Selon lui, "nombre d'entre nous, lorsqu'ils ont senti que la vie était devenue insupportable dans les camps, ont décidé de retourner vivre dans leurs villages d'origine. La famine, qui reste une réalité ici, pousse d'autres à retourner régulièrement dans leurs champs pour chercher de quoi manger, en dépit des risques sécuritaires encourus. La vie dans les camps est devenue impossible."
Conditions humanitaires désastreuses dans les camps
Face à cette situation, Patrice Sheria, expert congolais des questions sociopolitiques et sécuritaires, estime que "le premier besoin exprimé par ces déplacés est de pouvoir retourner dans leur milieu naturel. La deuxième raison de ces gestes est la détérioration des conditions humanitaires dans les camps. Leur démarche exerce une pression sur le gouvernement, car ils ont confiance en lui et en l'armée loyaliste (FARDC) pour libérer les zones aujourd'hui occupées par les rebelles".
La Synergie de lutte anti-mines a dernièrement mis en garde la population du Nord-Kivu contre les risques liés à la fréquentation des zones de combat. Les affrontements se sont intensifiés dans les hauts plateaux de Masisi, où les rebelles ont tenté, sans succès, de reprendre le contrôle de la cité de Ngungu ce mardi. D'autres accrochages ont été signalés toute la matinée dans l'agglomération de Nyanzale, dans le territoire de Rutshuru.
Craintes d'une offensive immintente sur Goma
Un acteur de la société civile de Rutshuru qui a souhaité garder l'anonymat, exprime ses craintes face à une possible attaque de la ville de Goma par le M23.
Il assure que 'les rebelles du M23 sont en train de se retirer de Katsiru, Mwesso, Nyanzale, Kasoko et de nombreuses autres positions dans le territoire de Rutshuru, comme Munguli, Buma et Kiringa. Ils se dirigent vers le territoire de Nyiragongo et le sud de Masisi. Des mouvements sont également observés à Kanyabayonga, dans le Lubero. Je pense qu'ils préparent une offensive sur la ville de Goma."
Pendant ce temps, dans la capitale provinciale, l'inquiétude gagne peu à peu les habitants. Toutefois, l'armée congolaise continue de les rassurer quant à sa capacité à protéger la ville.