Dakar — Le secrétaire d'État aux Coopératives et à l'Encadrement paysan, Alpha Ba, a magnifié, mardi, à Dakar, l'importance de "données probantes" dans l'élaboration des politiques publiques et la création d'emplois, en particulier dans le secteur agricole.
« Nous savons tous que l'une des faiblesses des politiques publiques en Afrique, c'est qu'elles n'ont pas souvent été alimentées par des données probantes. Nous ne prenons pas l'ampleur et la significativité de toutes les données pour éclairer les politiques publiques que nous édifions », a-t-il déclaré.
Il lançait les travaux d'un séminaire international sur le futur du travail et de l'emploi dans le secteur agricole en Afrique de l'Ouest.
Cette rencontre est initiée conjointement par le Bureau d'analyses macro-économiques de l'Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra-Bame), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et l'Institut national de la recherche agronomique (Inrae).
Selon Alpha Ba, le secteur primaire, notamment l'agriculture, offre des « opportunités énormes », et il suffit de former les jeunes pour en faire un vivier d'emplois afin de pallier le manque d'opportunités dans ce domaine.
« Nous sommes dans un contexte dans lequel s'il y a un défi à relever principalement, c'est le défi de l'emploi des jeunes. C'est un défi énorme face à des moyens limités, face à des opportunités limitées », a souligné le secrétaire d'État.
Abordant les liens entre agriculture et transformation, l'économiste Ahmadou Aly Mbaye a déploré la précarité des emplois agricoles et la faiblesse des industries africaines.
« Quand vous additionnez le taux de chômage et le taux d'emplois vulnérables dans nos pays, vous êtes à 80% », a indiqué l'ancien recteur de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, selon qui « pratiquement tous les emplois agricoles sont des emplois précaires ».
Ahmadou Aly Mbaye, citant des données de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), a signalé qu'il y a à peu près 470.000 travailleurs affiliés à l'Institution de prévoyance retraites du Sénégal (IPRES), contre environ 150.000 fonctionnaires, sur une population en âge de travailler de 9 millions.
En Afrique, « l'agriculture perd des ressources productives, il y a des emplois agricoles qui se perdent d'année en année, et le secteur manufacturier peine à prendre le relais », a-t-il fait observer.
Prévu pour deux jours, ce séminaire international a comme objectif d'ouvrir un espace de réflexion, de collaboration scientifique entre différentes institutions, mais également différents acteurs, a expliqué Astou Diao Camara.
« Nous pensons qu'à partir d'aujourd'hui, la communauté qui réfléchit sur l'emploi va s'élargir davantage à d'autres scientifiques et qu'à partir d'ici également, on pourra davantage redessiner les questions et les problématiques qui permettront de bien caractériser ces questions d'emploi et de travail », a ajouté la directrice d'Isra-Bame.